La société de vente Aguttes dispersera le 16 avril un ensemble de mobilier, d’objets d’art et de tableaux Haute Epoque, dont une Vierge à l’Enfant en trône, entouré de Saint Jacques et d’un Saint Evêque, réalisé dans l’entourage d’Agnolo Gaddi (fin du XIVème s). Cette œuvre, typique de la période du Trecento (XIIIème s.) et du Quatrocento (XIVème s.) italien, nous donne l’occasion de revenir sur un art, dit « primitif », trop souvent oublié au profit des productions postérieures. Il constitue pourtant le relais nécessaire entre l’art du Moyen-âge et le modernisme de la Renaissance.
Les primitifs italiens
Ce terme de « primitifs italiens » désigne les peintres actifs avant la Renaissance. Les deux centres artistiques principaux sont alors Florence, autour de la figure de Giotto, et Sienne, autour de celle de Duccio. Cette désignation renvoie également à une technique, les peintres utilisent alors la technique dite « a tempera ». On utilise alors du jaune d’œuf pour lier les pigments. Il faut attendre le XVème s pour voir la peinture à l’huile se diffuser en Europe.
Au début du XIIIème s, les croisades ont entraîné un arrivage d’œuvres byzantines en Italie (ivoires, icônes…) qui ont inspiré les artistes italiens, comme le fond d’or qui rend la Vierge plus céleste et plus immatérielle. Au XIVème s, des artistes comme Giotto et Duccio cherchent à se défaire de cet héritage pour faire un art plus « vrai », plus naturel. Les peintres « primitifs » portent alors une grande attention à la sculpture contemporaine, notamment celle des Pisano, et apporte un certain naturalisme, du volume et du mouvement à leurs figures.
La production la plus caractéristique de cette époque est celle du retable, signifiant littéralement « derrière l’autel » car l’œuvre était placé derrière le maître autel. Ce type d’œuvre prend son essor au XIVème s. A l’origine, il ne comporte qu’un seul panneau appelé « pala » et qui figure généralement la Vierge et l’Enfant, entouré de saints. Avec le temps, il prend de plus en plus d’importance et se pare de panneaux latéraux, représentant notamment des saints locaux. Sont également réalisés des panneaux de dévotion privée, de plus petite taille.
L’un des plus anciens retables conservés est la Maestà peinte par Duccio pour la cathédrale de Sienne, entre 1308 et 13011.
Agnolo Gaddi (actif de 1350 à 1396) :
Agnolo Gaddi fait partie de ces peintres florentins qui ont subi directement l’influence de Giotto (1257-1337), alors chef de file de l’école de peinture florentine. Il est en effet le fils de Taddeo Gaddi (1300-1366), l’élève de Giotto. Agnolo Gaddi travailla au cycle de la Vraie Croix à l’église franciscaine de Santa Croce à Florence, ou encore au Duomo de Prato. Il fonde un atelier et aura pour apprenti un peintre aussi prestigieux que Lorenzo Monaco.
On retrouve dans l’art d’Agnolo cette volonté de représenter le réel, de figurer des personnages moins figés, de leur donner cette vie qui manquait à l’art italien. Le rosé des pommettes, la variété des attitudes, la délicatesse des plis des vêtements, les coloris contrastés, l’attention portée à la représentation des tissus, tout cela concourt à créer un art plus intime, plus proche de notre quotidien et celui des hommes du Moyen-âge.
Informatiques pratiques :
Drouot Richelieu
9 rue Drouot - 75009 Paris
Salles 5 et 6
Expositions publiques :
Jeudi 15 avril de 11h à 18h & Vendredi 16 avril de 11h à 12h
Vente : Vendredi 16 avril à 14h30
Pour aller plus loin :
L'Homme en perspective : Les primitifs d'Italie
B. Cole, Agnolo Gaddi, Oxford 1977