J’ai de grands rires en réserve
tombereau d’oubli
des écrins d’insomnie aux fleurs noires décapitées
J’ai ta bouche que mes mots dessinent
(les mots que tu me destines)
J’ai tes mains alliance de hasard du ciel et de la terre
dont je t’ai enseigné la gravité
Ô mon amour
couleur de chevilles dans l’herbe épaisse du réveil
couleur de chenille à l’heure ensoleillée de la mort
Dans l’anonymat des dortoirs
le mot est ivre de ses miroirs
Les larmes se tiennent debout sourdes lampes
Le monde à l’envers le monde solitaire
ont une joue commune pour dormir
(Edmond Jabès)