La porte révèle au matin
les fatigues du chemin
Les sentiers de montagne
Mulets de la mémoire
Les prunelles dénouent la chevelure geste
audacieux des cils dont le dessein est
funeste le destin intérieur
Tirez le regard bateliers
de la feuille aux racines
Les nuages demeurent
quand les cieux perdus meurent
Projetée Toute distance est annulée La pierre
prépare son recours en grâce
La lumière a livré son secret La
nuit est une nouvelle chance
L’objet porte en lui la trace
des longues griffes de l’œil
Le paysage ému se venge
Blanc pour prouver
écran lavé
Œil pour boutonner
Œil pour échanger
Œil pour répandre amasser
dénombrer étiqueter unir
exaucer
Œil des deux rives
Médaillons imités
La palme décernée
dans l’intimité
La parole est un œil
Le silence l’épie
Les jambes de l’œil pour marcher
L’épaule de l’œil pour dormir
Et les mains
imaginent
Si belle debout
Le secret gardé
(Edmond Jabès)