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Les relents de mars ont des allures de printemps
Temps de secouer les vieilles dépouilles
Heure de vider les greniers de la mémoire
Les yeux aveuglés aux mirages de ce siècle
Ne voient rien des fleurs discrètes de l'oranger amer
Ils passent drapés dans leur indifférence
*
Pas le choix des armes
Ne reste
A moins d’accepter le crime
Que le pouvoir des mots
*
Qu’un matin s’affuble des oripeaux du printemps
On sait qu’hiver veille entre les branches nues
*
Tandis que chacun vaque en sa course
D’autres comptent leurs deniers à l’abri des coffres
C’est toujours en des quartiers de misère
Que s’abattent les intempéries
La terre
Ne lui vient même pas à l’esprit
De faire le gros dos sous les ors
Des Républiques défuntes
*
L’oranger cache sous ses feuilles sombres
Quelques bourgeons ourlés de blancs pétales
Une orchidée pourpre penche son visage vers la douce lumière
Dehors n’est que bruit et fureur
*
Tant de poètes morts au champ d’horreur
Clamant les beautés féminines entrevues
Aussitôt aimées
*
Voici venir un temps d’obscure condition
De femmes voilées
Cachées derrière les grilles d’innommables
Et masculines
Geôles
*
Temps de honte
De poèmes lus dans le silence de rues obscures
De public absent
Sourd à l’invitation des mots
*
Ce qui vient de malheur
Nous vaudra bien quelque corde
Au cou de nos mystères et doutes
Nos incertitudes
.
Manosque, 2 mars 2010
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