Magazine Culture
Je vous emmène dans un beau et long voyage dans les coulisses de l'Opéra Comique lors de la représentation, le 19 mars 2010, de "L'amant Jaloux" mis en scène par Pierre-Emmanuel Rousseau.Comment en quelques mots… et beaucoup d'images vous conter cette aventure extraordinaire?
Avec L’Amant jaloux de Grétry, c’est l’esthétique de la France des Lumières qui revit dans un livret plein d’esprit et de finesse, et dans une partition éminemment mélodique dont le mouvement dramatique n’est pas sans rappeler Mozart, qui séjourne alors à Paris. Le directeur de la musique de la reine signe ainsi un chef-d’œuvre du genre, modèle d’un demi-caractère équilibrant la comédie et le sentiment.La veille, grâce à cette générosité que seule Aline est capable, on me confirme un reportage à L'opéra Comique. Il y a des jours comme cela où tout est simple, facile, équilibré! Déjà trouver une place de stationnement à quelques mètres de votre lieu de rendez-vous, c'est tellement rare, qu'il est important de le souligner! Et puis cet accueil très chaleureux et cette rapidité avec laquelle on vous fait confiance, instantanément. Juste quelques minutes et me voilà dans les coulisses, les couloirs, les loges de cette institution qui d'ordinaire nous semble infranchissable. Visite des cintres, partie supérieure de la cage de scène, on y manoeuvre verticalement des éléments de décor ou d'éclairage. Tétanisée que j'étais par ce vide intersidéral sous mes pieds!! et ce n'est pas fini! 7e étage, on m'emmène sur une échelle, hum! serais-je capable de redescendre cette même échelle?! je grimpe et là, quoi, mais non, mais ce n'est pas vrai, je suis sur les toits de Paris! Là à ce moment précis, il ne s'agit plus de vertige, de peur panique, c'est pire, c'est beau et c'est indescriptible… J'ai juste eu le courage de faire 3 images!!! On redescend par une envolée de couloirs pour arriver sous la scène, oui, vous lisez bien, sous la scène, là où seuls les techniciens habilités peuvent y mettre les pieds! Une machinerie incroyable, des câbles… j'ai honte, ne m'en veuillez pas, je n'ai pas retenu la moitié des termes techniques de l'ossature de l'Opéra Comique… (mais cela va changer, je vous expliquerais dans un prochain poste pourquoi et comment!!)30 minutes et c'est tout, on me présente la plupart des techniciens présents ce soir-là et CARTE-BLANCHE… oui, carte-blanche, on me laisse errer seule dans le dédale de couloirs, de portes à pousser, d'escaliers à monter, de cachettes à découvrir… et c'est juste palpitant!Et comme par magie, je pousse la porte du maquillage, les chanteuses et les chanteurs se font pomponner mais aussi malmener par ces dizaines d'épingles à piquer dans les perruques, ces millimètres de maquillage. Pour fabriquer ces perruques avec de vrais cheveux, il faut en moyenne 7 jours… C'est ici aussi, que l'on bavarde, que l'on fait connaissance… Puis vint le moment du raccord, une répétition partielle avec l'orchestre de certains passages de la comédie, les chanteurs sont maquillés et coiffés mais pas encore costumés, c'est étonnant! Je me perds je ne sais plus où… 20h, la sonnerie retentit dans tout l'Opéra Comique, le public est invité à s'installer et les chanteurs à se préparer à entrer sur scène. Une introduction à l’œuvre de 30 mn avant la représentation. Une effervescence discrète, quelques tumultes dans les robes, quelques messes basses entre les techniciens, le rideau se lève.Pour tout vous dire, il ne m'est arrivé que très rarement d'aller au théâtre ou à l'Opéra, parce que quoique l'on dise, le répertoire, le lieu, l'ambiance est moins accessible. que nos chères salles de concerts parisiennes. Mais j'ai découvert un univers de passion, de travail, d'ornements, de codes… une fois que l'on y prend goût, s'en est fini de toutes ces craintes. C'est exactement comme le fait de pousser la porte d'une galerie… ou de parler aux gens…On me laisse le privilège d'assister à la représentation depuis les coulisses, là où il fait si sombre que l'on peut voir le public sans être vu d'eux… C'est l'envers du décors, de là où les ordres pour le changement de décor interviennent, là où les chanteurs, chanteuses sont avant d'entrer sur scène… de là aussi que l'on voit la représentation sous un autre angle!!Pierre-Emmanuel Rousseau apparait, applaudit, c'est émouvant… c'est la fin, trois rappels plus tard, le rideau se baisse, tout le monde tombe dans les bras l'un de l'autre, c'est la consécration, l'accomplissement de mois de travail passionnés…
L'Amant jaloux - Direction musicale, Jérémie Rhorer / Atsushi Sakaï - Mise en scène, Pierre-Emmanuel Rousseau - Décors, Thibaut Welchlin - Costumes, Pierre-Emmanuel Rousseau et Claudine Crauland - Lumières, Gilles Gentner - Création maquillage et coiffure, Laure Talazac - Assistant Musical, Atsushi Sakaï - Assistante à la mise en scène, Charlotte Rousseau - Chef de chant, Christophe Manien - Diction française, Caroline Gautier - Coproduction : Opéra Comique - Centre de musique baroque de VersaillesAvec Magali Léger - Daphné Touchais - Maryline Fallot - Frédéric Antoun - Brad Cooper - Vincent Billier
L'Amant jaloux à l'Opéra Comique
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COLLOQUES
L’Opéra Comique organise des colloques interdisciplinaires destinés à mieux appréhender les œuvres programmées et leur contexte de création.
L’art officiel dans la France musicale du XIXe siècle
jeudi 8 et vendredi 9 avril de 10h à 18h
Favart 2010, Tricentenaire de la naissance du dramaturge
mercredi 14 avril de 10h à 18h
Entrée libre sur inscription au 01 42 44 45 76.
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Je vous invite à visiter le blog argot des coulisses
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