À la rosée du rêve arrache-toi, mon âme,
À la lourde torpeur de l’amour, à sa mort,
Voici que de soupirs les arbres sont emplis,
Eux dont le jeune jour admoneste les feuilles.Déjà l’aube grandit et règne à l’orient
Où surgissent des feux qui brûlent doucement
Et elle fait trembler tous ces ors et ces gris,
L’impalpable réseau des toiles d’araignées.Tandis que doucement, tendrement, en secret,
S’ébranlent du matin les carillons fleuris
Et que les chœurs savants de la grande féerie,
Innombrables ! — partout commencent à monter.
From dewy dreams, my soul, arise,
From love’s deep slumber and from death,
For lo ! the trees are full of sighs
Whose leaves the morn admonisheth.
Eastward the gradual dawn prevails
Where softy-burning fires appear,
Making to tremble all those veils
Of grey and golden gossamer.
While sweetly, gently, secretly,
The flowery bells of morn are stirred
And the wise choirs of faery
Begin (innumerously !) to be heard.
James Joyce, Poèmes (Chamber Music, Pomes Penyach), édition bilingue, Poèmes traduits de l’anglais et préfacés par Jacques Borel, Gallimard, 1967, p. 45 et 44.
(contribution de Tristan Hordé)
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