« L’année brouillard » retrace le drame vécu par Abby, jeune femme photographe qui se promène sur une plage de San Francisco avec Emma, la petite fille de son fiancé Jake. Alors qu’elle ne détourne les yeux que quelques secondes le temps de prendre une photo, la petite Emma disparaît sans laisser de trace. Débutent alors l’angoisse, la peur, l’incompréhension.
L’écriture particulièrement minutieuse de Michelle Richmond nous plonge dans la détresse d’Abby et nous fait ressentir avec une grande précision sa culpabilité obsédante, son désarroi de ne pas savoir où se trouve Emma, sa colère et ses doutes. Chaque émotion est parfaitement décrite et analysée avec une grande justesse. La minutie avec laquelle Abby revoie ces derniers instants avec Emma puis les minutes qui suivent sa disparition est stressante et captivante.
C’est un long roman de plus de 500 pages parfaitement maîtrisées. Cette longueur ne fait qu’augmenter notre compréhension du ressenti des personnages, principalement Abby. Comme elle, la panique nous envahit : le nombre de pages qu’il nous reste à lire nous permet de réaliser sa douleur pesante : comment est-il possible de continuer à vivre – à lire autant de pages – dans cette situation intenable, celle de la perte d’un enfant sans que l’on sache ce qui lui est arrivé.
L’épuisement physique et moral de la jeune femme est parfaitement analysé et comme les brumes de San Francisco, l’angoisse est enveloppante. La lecture n’en est que plus haletante tout en restant éprouvante tant le sujet est grave et parfaitement dépeint, sans jamais tomber dans le larmoyant.
Cette histoire est prenante et angoissante. Elle constitue un roman très réussi même si l’on peut regretter le dénouement qui, tout en étant un soulagement, ressemble à un rebondissement de trop et ne permet pas de mener à bout l’analyse de ce vide cruel, de cette douleur permanente avec laquelle les parents peuvent se retrouver condamner à vivre.