A l’occasion de la sortie du livre Ce qui reste, avec un texte de Philippe-Alain Michaud, la galerie Christophe Gaillard présente, du 1er avril au 8 mai 2010, une sélection de travaux récents de Carole Fékété, réalisés en Espagne lors de son séjour à la Casa Velasquez : ¿Qué tal?
Française née à Alger en 1970, d’une famille aux racines diverses, elle aborde à travers ses images l’idée d’origine et de transmission. Elle a reçu en 2000 le prix de la fondation HSBC pour la photographie, récompensant trois séries qui témoignent de l’attention qu’elle porte à ce qui est mineur. Son œuvre a d’ailleurs ces dernières années continué d’élaborer une vision reposant sur le temps et la minutie de l’observation.
C’est cette rigueur qu’accompagne un solide sens de la composition qui restitue la présence à la fois familière et énigmatique des Corps dans la ville, titre de l’édition 2006 du Septembre de la photographie durant laquelle la BF15 a exposé Le Singe et Les Statues. Et c’est la capacité de ce travail d’extraire du monde une singularité essentielle que Jean-Michel Ribettes, Michel Poivert et Agnès de Gouvion-St-Cyr ont déjà souligné dans leurs écrits : les photographies de Carole Fékété font apparaître la charge culturelle et anthropologique de leurs sujets. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas moins questionnés que l’acte photographique lui-même : sans doute n’est-ce pas le moindre Pouvoir de la photographie, comme manifesté par l’exposition à laquelle elle a participé l’année dernière à Séoul.
De ses deux années passées en résidence à Madrid à la Casa Velázquez, Carole Fékété rapporte trois séries photographiques : Les Reliques, Les Pierres tombales, et Les Portes. Ce séjour aura été marqué par différents aspects de la culture espagnole : la tradition festive, les rituels et les cérémonies toujours très vivaces dans tout le pays. La représentation de la mort, la survivance des processions, et le culte des reliques véhiculent des formes et des codes qui, par-delà le folklore religieux, sont chargés d'une histoire et d'une culture à travers lesquelles l'artiste continue de poursuivre ses recherches.
Comme le souligne Philippe-Alain Michaud dans le texte qu’il lui consacre « dans le pêle-mêle anatomique des Boîtes reliquaires, cette suite de portraits dévastés sans cohérence organique, la photographie reconnaît la description de ses propres pouvoirs, qui sont aussi ceux de la relique, pouvoir de convertir les corps en choses et dans les choses que sont devenues ces corps, d’activer des effets de comparution. » La comparution pourrait être immédiate avec la présentation à la galerie d’une dizaine de boîtes reliquaires, tirées à l’échelle réelle et dont le cadre est celui de la boîte elle-même.