L’invitation de Claude Allègre à France-Inter jeudi, a donné le coup d’envoi d’un « match » à propos du climat (même si la « bataille » dure depuis plus longtemps). À cette occasion, il n’a pas manqué d’effectuer quelques belles sorties (« le créateur du Giec est un intégriste religieux » où que « monsieur Jouzel n’est pas spécialiste du climat ») qu’on peut réécouter là. La réplique n’a pas traîné ! On pouvait entendre ce matin au journal de 8h toujours sur France-Inter, Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, que j’ai eu la chance de rencontrer très récemment.
A l’origine de cet appel aux différentes institutions scientifiques de France, un sentiment général de ras-le bol chez les chercheurs qui travaillent sur le climat. Bah oui, depuis quelques temps ils se sentent un peu malmenés par les interventions de Claude Allègre (qui est partout) mais aussi de Benoit Rittaud, Vincent Courtillot et autres « sceptiques » en tout genre.
Du côté des chercheurs, la mobilisation est forte puisque cet après-midi, 470 signataires du texte étaient comptabilisés. Parmi eux, ceux que l’on voit souvent comme Jean Jouzel, Hervé Le Treut ou Emmanuel Leroy-Ladurie, mais aussi des chercheurs moins connus qui travaillent dans d’autres laboratoires. Ce qui est intéressant, c’est que cette communauté qui est finalement très éclatée entre les physiciens de l’atmosphère, glaciologues, géochimistes, géographes, océanographes se soude face à l’adversité, ce qui aboutira peut-être à une « vraie » communauté des climatologues. (Je suis obligée de mettre des guillemets partout vu le caractère brûlant du sujet ! )
La lettre ouverte est adressée entre autres à la Ministre de la Recherche (Valérie Pécresse), au président de l’Académie des Sciences, à tous les directeurs des acteurs de la recherche publique regroupés au sein de l’Alliance thématique AllEnvi (BRGM, CEA, CEMAGREF, CIRAD, CNRS, CPU, IFREMER, INRA, IRD, LCPC, Météo France, MNHN) ainsi qu’au président du Comité d’Éthique du CNRS. Réaction de notre ministre qui refuse de prendre parti sur le terrain scientifique, elle demande au président de l’Académie des sciences Jean Salençon d’organiser un débat sur le sujet. « C’est l’Académie des sciences qui pourra juger de l’intégrité scientifique des travaux des uns et des autres. Ça ne peut pas être la ministre de la recherche qui tranche entre la fiabilité des données d’Allègre et celles des climatologues », a-t-elle dit. (source AFP)
Ce que les scientifiques reprochent globalement à Claude Allègre c’est de ne pas avoir validé ses textes de la même manière qu’eux, à savoir par une reconnaissance par les pairs, et de publier d’incroyables erreurs mais aussi de les dénigrer complètement.
Ce qu’on pourrait maintenant appeler une bataille me rappelle un éditorial de la revue Nature paru il y a quelque temps où il était question du fait que les climatologues étaient maintenant embarqués dans « un combat de rue ». Mais ce qu’on voit aussi c’est que même si Valérie Pécresse aimerait que le débat reste au niveau scientifique, les médias sont totalement impliqués…
Pour information voici le texte reproduit le blog de Sylvestre Huet, journaliste de Libération.
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 02 avril à 12:56
Les données d'Allègre, elle a bien dit les "données d'Allègre", vous êtes sûre? Quelles données? Il me semble que ni Allègre et encore moins Rittaud n'ont des données à eux, ils raisonnent sur des données produites par les climatologues eux-mêmes (ce qui est déjà à leur honneur de les avoir produites -je veux dire, à l'honneur des climatologues; quel que soit le résultat, scientifique, final, on le devra au travail des climatologues).