Dieu, quelle pochette ! Son cool pourrait avoir été l'oeuvre d'un Flaming Lips ou d'un The Brian Jonestown Massacre. Las, les connexions de la nouvelle sensation psyché s'arrêtent au son, par delà les frontières : les The Hoax sont de Bordeaux et confirment dès leur premier LP tout le bien que l'on pense de la scène française actuelle (la vraie, pas celle relayée par les media à coups de groupes Perfecto bidon de Paname !), et de l'apport du Port de la Lune en matière de binaire !
Le buzz est déjà perceptible en Grande-Bretagne où Gaël(guitare), Tristan (basse et claviers) et Caroline (Moe Tucker) se sont fait un nom en ouvrant récemment à la prestigieuse Astoria de Londres pour Spiritualized, rien de moins !
On comprend l'engouement de l'étiquette Creation (!) à renaître de ses cendres pour des frenchies, dès l'intro obsédante de "My Apocryphal Living", où en plus des noms cités, The Hoax, infernale machine à planer ressucite les fantômes du Pink Floyd, première époque, où drivée par Syd Barrett, la formation d'art-school était l'une des plus avant-gardistes qui soient. "AKA Unknown" poursuit l'aventure avec cette manière de droning sound très en vogue au début des 90's en Grande-Bretagne, et remis au goût du jour par des combos tels les Psychic Ills d'Amérique. Comment diable arrivent-ils à faire autant de boucan, avec quelques bandes et des loops de synthé -on rappelle que The Hoax évolue en trio- et aussi peu de moyens, de production - l'album aurait été écrit, produit et mixé en 10 jours !
Référence ultime et preuve de bon goût de l'affaire, c'est John Cale soi-même qui produit le disque. Il lui apporte cet aspect sauvage, primitif voire caverneux qui caractérisait les premiers disques du Velvet. Un autre nom est convoqué pour décrire le son de ces zozos : celui des Absorptions, invraisemblable groupe tchèque narré par Michka Assayas dans son Dictionnaire du Rock, dont il ne subsiste peu ou prou aucun enregistrement, n'était un album culte et horriblement rare (for collectors only, compter quelques milliers d'euros !!!!)
Et le chant, me direz-vous ? Qu'en est-il de l'option manifeste en faveur de la langue anglaise ? Eh bien, quelques approximations, si l'on veut faire la fine bouche, mais néanmoins un travail sur les tessitures assez étonnant - un chant à 3 voix des plus juvénile - et des effets façon Trans Am (vocoder, filtres....) qui rendent parfois l'auditeur fou dans ce dédale psychotrope de sons, de mélodies se télescopant ! On pense aussi au génial A Wizard A True Star de Todd Rundgren pour cette faculté d'enchaîner sur un mode échevelé les parties mélodiques, tout en respectant le format traditionnel couplet/refrain.
La seule incongruité que se permet the Hoax est peut-être cette reprise inattendue de "Cheat", extraite du premier Clash, qui même balancée sur un mode psyché, rompt avec l'unité de ton du reste de l'album, tranche par son académisme !
Et à la vérité, un titre, un seul, longue mélopée abyssale de 17' et qui occupe principalement la face B , est dépositaire de ce droning sound, cette musique qui inspire la noyade et le chaos.
"The Would-Be Pop Indie Band", à n'en pas douter, donnera le vertige à plus d'un auditeur !
En bref : LA découverte française du trimestre (de l'année ?) qui du haut de son insolente jeunesse, fourbit ce rock psyché et débridé que l'on croyait dévolu aux anglo-saxons. Avec monsieur John Cale, excusez du peu, aux manettes !
le Myspace, pas encore de site off
un extrait audio du concert à l'Astoria