Journée du 8 mars. On célèbre la journée internationale de la femme. Une journée pour dire les souffrances et les inégalités que vivent les femmes dans les pays en voie de développement mais également dans nos pays "modernes".
Je n'ai jamais aimé les chiennes de garde et leur féminisme d'arrière garde qui voudrait mettre la femme en position de supériorité face à l'homme. Je n'aime pas non plus le discours réactionnaire de la pédiatre Edwige Antier qui ne cesse de culpabiliser les mères qui doivent se sacrifier pour leurs enfants.
Pourtant paradoxalement, les droits de la femme et sa position dans la société sont l'objet d'atteintes régulières, des coups invisibles mais fréquents qui fragilisent un peu plus le statut des femmes au profit des hommes.
Pourtant, on avait progressé depuis la Rome antique,et le moyen age. Depuis 1944, les femmes peuvent voter, travailler sans l'accord de leur mari, et mettre des pantalons. Aujourd'hui si les droits sont là, si l'égalité salariale existe dans la loi depuis 1983, il reste encore en France des différences entre hommes et femmes spécifiquement injustes.
A la maison d'abord. La femme reste celle qui assure le quotidien dans la grande majorité des familles:enfants, ménage, courses, cuisine. Elisabeth Badinter dans son dernier ouvrage parle de menace pour la liberté des femmes, qui sont culpabilisées si elles ne se conforment pas au modèle de la mère parfaite.
Au travail ensuite, la différence entre le salaire des hommes et des femmes (a travail égal une femme gagne 15 % de moins qu'un homme), leurs positions statutaires par rapport aux hommes dans le secteur privé et public ne sont pas prêts d'être inversées. Avec le paradoxe pourtant que les filles réussissent mieux à l'école que les garçons.
En situation de précarité ensuite, on retrouve également des femmes. Sur 100 personnes gagnant le smic, 80 sont des femmes contre 20 pour les hommes.
En politique et à la tête du pouvoir enfin. La loi de 1997, sur la parité a montré les limites de la politique de la discrimination positive. Les partis politiques ont préféré payer des amendes plutôt que de voir des femmes devenir député ou sénateur.
Sarkozy lui même, n'est entouré pratiquement de collaborateurs hommes (à part Catherine Pegard) et a modelé un conseil constitutionnel d'une masculinité rare: sur les 9 sages, il y a désormais seulement une femme.
En 1791, Olympe de Gouges révolutionnaire et féministe écrivait pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. "La femme nait libre et demeure égale de l'homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Elle disait également déjà " "Une femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune".
La modernité technologique et les droits nouveaux gagnés après guerre ont pu faire illusion.
En réalité, il n'y pas de fin de l'histoire pour le féminisme, car à chaque crise économique, à chaque nouveau modèle social, il existe toujours cette fragilité qui fait qu'un droit ou une place légitiment acquise peut être du jour au lendemain remis en question.
L'olympe donc comme une cime à atteindre, un sommet caché aux mortels, une illusion que s'étaient inventée les grecs pour y faire vivre la représentation de leurs icônes rassurantes.
Le féminisme ressemble à cette montagne escarpée, dont la finalité n'est jamais certaine, mais dont la marche vers le sommet reste un combat de tous les jours.
Un combat qui sera achevé le jour où dans le monde l'on célébrera la journée de l'homme.
Pour aller plus loin:
Pour en savoir plus sur Olympe de Gouges
http://www.monde-diplomatique.fr/2008/11/BLANC/16516
http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-j-accuse-d-elisabeth-badinter_818756.html
http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2010/03/09/les-faits-toujours-les-faits-encore-les-faits_1316139_3232.html
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