Pour sa part, Yasmina Khadra est revenu sur son enfance à l’école des cadets expliquant qu’il avait eu un enseignement classique mais une instruction militaire. Il vivait dans un univers relativement fermé sans radio, BD, presse et seulement 2h de TV par semaine pour le match de foot. La seule évasion possible pour lui était la bibliothèque. Il estime que ce sont les écrivains qui l’ont formé. Il considère qu’il n’a pas eu d’éducation française ni algérienne d’ailleurs, mais une éducation militaire.
« C’est ma femme qui m’a éduqué en tant qu’être humain, assure-t-il.Tout ce que je fais c’est pour qu’elle soit fière de moi ». Il indique aussi avoir constaté que « là où il y avait l’Homme, il y avait sa part de bêtise et de lumière ». De son côté, il essaie de se servir de sa double culture pour combattre cette bêtise : « J’essaie d’apporter ma part d’expérience, mes deux cultures pour les apaiser ».
Fatou Diome, elle, a raconté une partie de son enfance quand elle rêvait d’aller à l’école, mais ne le pouvait pas, évoquant les efforts d’un professeur qui lui a permis d’accomplir se rêve. Elle a aussi expliqué son attachement à l’écriture depuis l’âge de 14 ans : « J’écris parce que ça m’aide à vivre ». Plus précisément, écrire l’aide à comprendre le monde.
Elle a poursuivi en racontant son arrivée en France et sa difficile obtention de la nationalité française. Il lui a tout de même fallu 8 ans pour l’avoir et cette longue attente lui a fait dépasser l’âge limite pour passer le Capès. Elle l’a obtenu lorsqu’elle est devenue écrivaine, qu’elle « est devenue propre ». À ce propos, elle a affirmé : « La femme de ménage [qu’elle était à l’époque] en avait plus besoin que la fille qui va sur France Inter ».
On aura apprécié, la magnifique déclaration d’amour faite par Yasmina Khadra à sa femme et le ton enjoué mais qui ne laisse rien passer de Fatou Diome. L’heure est passée agréablement même si finalement on n’est pas beaucoup plus avancé sur la figure de l’écrivain en général face à son passé.