- Bonjour, et bienvenue à la visite médicale de sortie de l’établissement pénitentiaire. Je suis le docteur Ferdinand Brocoli, médecin généraliste. Je suis là pour m’assurer que tout va bien pour vous et que votre santé est satisfaisante. Après notre entretien et tous les examens de rigueur, vous serez autorisé à quitter notre établissement et à débuter une nouvelle vie, monsieur…
- Evrard. Francis Evrard.
- Ha oui, je vois, hum… Alors Francis, comment va la santé ?
- Bien docteur.
- Pas de douleurs notables, de petits bobos, de maladies récurrentes ?
- Heu, non…
- Très bien. Dites 33.
- 33…
- Hmmmmm… Impeccable. Maintenant je vais vous prendre votre tension…
- …
- 13 et 8, mais c’est parfait ça. On dirait bien que vous avez une santé de fer, petit veinard ! Et bien voila Francis, vous êtes libre. Vous voila autorisé à retrouver une existence normale, elle est pas belle la vie, non mais franchement ?
- Heu, oui docteur… Heu… Je ne voudrais surtout pas abuser mais j’aurais quelque chose à vous demander. Quelque chose… D’un peu personnel…
- Mais allez-y Francis, pas de chichis entre nous, je suis là pour ça enfin !
- Et bien… Hum… Disons que depuis quelques temps j’ai des petits problèmes… Heu… masculins… Heu concernant la matérialisation de mon désir sur, heu… enfin, des petits problèmes, heu… D’érection…
- Haaaa mais vous faites très bien de m’en parler mon ptit Francis. Tenez, je vais vous donner du Viagra 1000. Avec cette petite pilule magique, vous goderez tellement que vous aurez l’impression d’avoir un marteau pneumatique dans le kangourou.
- Merci docteur.
- Pas de quoi Francis, je suis là pour vous aider, vous le savez bien. Allez au revoir, et tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle vie qui commence !
- Au revoir docteur. Heu, une dernière chose : savez-vous où se trouve l’école maternelle la plus proche ?
- Mais bien sûr : en sortant de la prison, continuez sur trois pâtés de maisons, puis première à droite sur 200 mètres et vous arriverez en face de l’école maternelle Emile Zola.
- Merci docteur.
- Pas de quoi, bon vent à vous !
Francis sortit de la pièce et ferma la porte.
Sympa ce type, pensa le docteur Brocoli. Haaa si tous les détenus faisaient preuve de la même bonne volonté pour se réinsérer, la vie en France serait autrement moins merdique…
Le docteur regarda par la fenêtre. Dans le ciel, pas un nuage ne venait troubler l’essor majestueux de l’astre du jour sur la terre de Normandie. Les oiseaux pépiaient une belle mélodie, chanson bucolique dont le docteur ne put s’empêcher de penser qu’elle lui était directement adressée.
Voila une journée qui commençait bien.