L’ère des tarifs temps réel arrive à grand pas dans la mobilité. Après certains péages urbains qui modulent les tarifs en fonction de la congestion réelle, San Francisco expérimente dans SF park project, le stationnement temps réel. Les places libres sont connues, et l’information communiquée, le tarif est adapté en fonction de la demande. Cette étape constituera une brique supplémentaire indispensable dans un futur management global des mobilités, sachant que ce même principe pourrait (devrait ?) être appliqué au livraison de marchandises.
Faire des tours de pâté pour trouver une place représentent près de 30% du trafic de la ville de San Francisco, aussi réduire cette circulation erratique en aidant les automobilistes à trouver une place est-elle un bénéfice pour tous, puisqu’une meilleure disponibilité des places de parking décongestionne la ville et rend la route plus sûre. Le projet SFPark a donc logiquement comme mot d’ordre « Tournez moins en rond, vivez + » (Circle Less, Live More).
Concrètement, SFPark collecte et distribue en temps réel l’information au sujet des places de parking dans la ville, sur le modèle de ce que l’on peut connaître en France avec le covoiturage dynamique (la mise en relation automatisée et en temps réel des demandeurs et offreurs de covoiturage). Les chauffeurs savent donc exactement où se situent les emplacements disponibles autour d’eux. A ce système de disponibilité s’ajoute un système de fixation des prix selon l’offre et la demande, et là aussi l’innovation est intéressante puisque des places « centrales » vaudront plus chères et, au final, les automobilistes seront tentés d’aller se garer dans des zones moins chères, car moins utilisées, équilibrant le flux total de circulation et le stock de places de parking dans la ville.
De nouveaux parcmètres bardés de capteurs (un peu sur le modèle des réseaux intelligents d’éléctricité ou « smart grid » qui connectent en temps réel producteurs et consommateurs d’électricité pour un meilleur équilibrage du flux électrique) transfèreront les données en temps réel des places de parking alentours (disponible ou pas, et à quel « prix »). SFPark.org gèrera l’agrégation des données et pourra transmettre en temps réel les places disponibles via le site, ou par GPS ou encore sur un smartphone. Le prix des places sera variable en fonction de la demande pour inciter les automobilistes à se garer ailleurs ou à une autre période de la journée. Le but étant que chaque zone de parking ait au moins une place de disponible en permanence (un peu comme sur les stations de Vélib où l’entreprise qui le gère équilibre les stocks de vélos disponibles).
Ce système sera mis en place pour 6 000 des 25 000 places de parking payantes (par parcmètre) de la ville et pour 12 250 places des parkings gérés directement par la Ville. Cette phase de test durera 2 ans à compter de l’été 2010, avec un financement fédéral (c’est à dire « national », aux Etats-Unis) à hauteur de 80%. Après, une évaluation déterminera la pertinence d’étendre ou d’améliorer ce système pour une application à toute la ville.
San Francisco fait donc un pas supplémentaire vers la gestion optimisée de ses flux de circulation, après avoir mis en place il y a peu des voies réservées au covoiturage sur le Bay Bridge qui relie la ville de San Francisco à ses « banlieues dortoirs », faisant gagner à ceux qui pouvaient circuler sur ces voies près de 30min sur leurs trajets quotidiens. Une bonne idée à importer à Paris ?