Réflexions.

Par Ananda

Vivre au jour le jour.

De quoi demain sera-t-il fait ?

S'il n'y a pas de mémoire, de souvenir, pas de conscience du temps qui passe.

Peut-être qu'avec l'Homme, le monde tente de se comprendre lui-même .

Saluons Gödel (*), qui mit en équations le voile qui pèse sur le Réel ultime !

(*) Le logicien autrichien Kurt Gödel démontra, dans les débuts du XXème siècle, que tout système mathématique était incomplet et que, donc, on ne pouvait connaître un système totalement qu'à condition d'en sortir. L'Univers qui nous entoure étant, lui aussi, un "système", on mesure les implications philosophiques de ses théorèmes.

L'Homo Sapiens, cette créature à la fois si forte et si fragile !

La vie, c'est, à tout moment, un jaillissement d'inattendu.

Même ceux qui tentent de la régler comme du papier à musique le plus possible peuvent, n'importe quand, se heurter à ses caprices, à ses irruptions de neuf.

Et Dieu créa...le carbone ?

L'esprit humain adore la facilité.

Préjugés, clichés, pré-pensé sont là pour la lui garantir.

Et là, peu importe que le prix à payer soit la sottise. On aime tellement se dispenser de creuser, aller droit au plus court et au plus rapide !

La rigidité, le côté obtus, la sclérose de l'âme ne s'embarrassent pas de nuances.

La colonisation n'est-elle pas un crime contre l'humanité ?

La modernité ayant "cassé" les repères culturels anciens, les gens qui vivent en son sein se sentent en quête d'identité, quelque peu "déboussolés", orphelins de la culture de laurs ancêtres. De là - peut-être - cette tendance (irritante, névrotique) à envier ceux qui possèdent encore une identité plus structurée, plus reliée à leurs racines, les gens encore liés à des cultures dites "traditionnelles" où l'on possède encore le sens du lien, du "vivre ensemble".

Nombre d'Occidentaux (surtout les citadins des classes bourgoise et moyenne), je l'ai remarqué, donneraient cher pour, en étant autre chose que ce qu'ils sont, échapper à la névrose : des Indiens d'Amérique, des Inuits, des Bambaras, que sais-je encore...L'attrait de "l'exotisme" se renforce !

"Découvrir d'autres cultures"...parce qu'ils ne possèdent plus la leur ? Peut-être.

Mais, tout aussi bien, ils peuvent essayer de récupérer des cultures "de terrroirs" qui leur sont ancestrales (même s'ils les ont perdu de vue) et, au nom de ces cultures névrotiquement "récupérées", se mettre à aboyer vigoureusement le rejet de l'Autre, vécu alors comme "menaçant" et se réclamer d'une "identité nationale". On sait ce que ça donne.

Sans doute les deux démarches sont-elles l'avers et le revers de la même médaille malsaine.

L'Autre.  L'insupportable Autre qui menace l'homogénéité du groupe, autant que l'ego des individus !

Nous avons tous tendance à vouloir réduire l'altérité de l'Autre.

Cela peut partir d'un bon sentiment : pour mieux communiquer avec lui.

Cela peut aussi partir de la peur, et revêtir, dans ce cas, des formes bien plus sombres, bien plus destructrices.

Hasarder des mots, c'est un risque.

Les mots s'exposent toujours à n'être pas bien placés au bon endroit, pas bien combinés, à être mal reçus, mal interprêtés.

L'humanité a du mal avec le juste milieu.

Elle tombe facilement et souvent dans l'excès.

Celui qui n'a pas souffert, au seuil de la mort, regrette amèrement la vie de bonheur qu'il laisse.

Celui qui a souffert, quant à lui, regrettera que sa vie ait été un gâchis pareil.

Lequel des deux est plus enviable ?

Essayer de sauver l'humanité d'elle-même, n'est-ce pas une perte de temps ?

La Vie a un compte à règler avec le temps.

Vivre, c'est s'user, décliner.

"Le temps est mort", comme l'écrit, fort justement, Umar Timol.

Alors, la Vie, à l'intérieur de chaque corps qu'elle sait en perdition, n'a qu'une idée en tête : quitter le navire en se propulsant, par ce corps, dans un autre corps, un corps tout nouveau, vite, le plus vte possible, avant qu'il ne soit trop tard.

Nous sommes tous les navires - ou plutôt les frêles embarcations - du souffle de vie. La Vie se fabrique des milliers, des milliards de radeaux, de pirogues.

Il ne faut jamais trop aimer la vie. Car cette dernière nous quitte, nous largue.

Et pourtant ! Nous avons tant de mal à réfréner notre passion spontanée, sensuelle, émerveillée pour elle !

L'esprit qui vit "au ras des pâquerettes" est-il heureux ou à plaindre ?

Force est de constater que la conscience est une entité d'ordre immatériel (quoique produite par cet objet matériel hyper- complexe qu'est le cerveau humain) et qu'au plan individuel, elle cherche à toutes forces à se survivre.

Si ce n'était pas le cas, l'Homme aurait-il cette hantise de la mort, et l'appellerait-il un "scandale" ?

P.Laranco.