L’art de vivre (By Christelle)

Publié le 01 avril 2010 par Lifeproof @CcilLifeproof

Edvard Munch, Le cri, 1893, tempera sur carton

Edvard Munch, artiste peintre et graveur (1863-1944) n'est certes pas un artiste contemporain, mais son travail n'en est pas moins passionnant.

Si son nom ne vous dit rien, son œuvre la plus célèbre, Le Cri, vous dira peut être quelque chose. Ce tableau a défrayé la chronique en 2004 puisqu'il a été volé, et, je vous rassure, retrouvé depuis.
L'exposition monographique qui se tient en ce moment à la Pinacothèque de Paris met en lumière des œuvres assez peu connues et détenues par des collectionneurs privés, pertinente initiative.

Personnage torturé s'il en est, Munch a vu la plupart des membres de sa famille mourir de tuberculose ou devenir fous et en reste profondément marqué. Sa madone squelettique en témoigne tout comme ses nombreuses déclinaisons sur le thème de l'enfant malade. L'un et l'autre devenant des motifs à part entière dans son œuvre.

Son style pictural se situe quelque part entre le fauvisme et l'expressionnisme allemand avec des accents nabis et symbolistes. Peintre sous influence, Munch a pourtant donné naissance à une œuvre singulière aux couleurs vives et aux lignes sinueuses.


Edvard Munch, Madone, 1895-1902, lithographie en couleur, Musée Munch, Oslo.


La solitude qui transpire dans son travail me saute aux yeux dans une série de gravures, Les solitaires, représentant deux personnes côte à côte. L'expression de la solitude humaine est d'une justesse accablante. En effet, le sentiment d'isolement émanant de chacun des deux personnages, pourtant si proches, est renforcé par l'importance du vide qui les entoure.

Bien avant Yves Klein, Munch place ses toiles en extérieur afin qu'elles subissent les intempéries qui deviennent ainsi un moyen artistique exprimant le vieillissement et la dégradation.

Un dernier tableau m'a particulièrement touché car symptomatique du malaise de l'artiste : Autoportrait à la grippe espagnole de 1919, à propos duquel Munch dit lors d'une discussion avec le banquier Rolf Stenersen : " Ca ne vous dégoûte pas ? Que voulez-vous dire ? Est-ce que vous reconnaissez l'odeur ? L'odeur ? Oui, vous ne sentez pas que je suis en train de pourrir ? "


Autoportrait à la grippe espagnole, huile sur toile, 1919, Nasjonalgalleriet, Oslo

C'est sans doute parce que Munch a réussi à exprimer ses tourments par le biais de la peinture qu'il est resté en vie jusqu'à ses 80 ans, nous rappelant ainsi que souffrance et création sont souvent inextricablement liés.

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Pinacothèque de Paris

exposition Edvard Munch ou l'Anti-Cri

jusqu'au 18 juillet 2010

ouverture tous les jours de 10h30 à 18h.

28, place de la Madeleine 75008 Paris