En proposant samedi une "construction
commune" qui ne soit ni "la dissolution" des Verts, ni "le repli", Cécile Duflot s'est assuré un vote confortable dimanche au parlement du parti, mais les discussions sur l'avenir d'Europe Écologie
pourraient bientôt être moins consensuelles.
Pour la secrétaire nationale des Verts, bousculée par "l'appel du 22 mars" de Daniel Cohn-Bendit pour une "coopérative politique" dépassant le parti écologiste, il s'agissait d'agir avec "douceur
et subtilité". "Transmutation" des Verts, "métamorphose" d'Europe Écologie (EE), les mots de la patronne des Verts, après quelques hésitations en début de semaine, ont rassuré Noël Mamère et les
eurodéputés EE Yannick Jadot et Sandrine Bélier, satisfaits aussi de la fin annoncée des "quotas" entre Verts et non-Verts pour les prochaines échéances : les candidats seront désignés par tous les
militants.
Pour le député Vert de Loire-Atlantique François de Rugy, l'appel de "Dany" lundi, et celui mardi d'une quarantaine de personnalités EE et Verts comme Jean-Paul Besset, Dominique Voynet, Noël
Mamère, Yves Cochet et Yves Contassot, "ont ouvert la voie" et "Cécile s'est mise dans le sillage". "Craintive" au départ, selon l'élu, "elle a senti que c'était une position transcourants et que
si on ne le faisait pas, ça ouvrait une crise".
Un calendrier de discussion validé
Dimanche, le texte sur la "poursuite du rassemblement", adopté à l'unanimité par le Cnir (parlement) des Verts, s'est contenté de mettre en avant "la nécessité de poursuivre la dynamique et
construire une force politique capable d'assumer dans les meilleurs délais les défis et enjeux", sans autre détail organisationnel. Seule décision concrète, la validation d'un calendrier de
discussions : conventions régionales le 8 mai, réunion nationale le 5 ou 6 juin, Journées d'été fin août avant des assises de l'écologie politique à l'automne "sur le projet et la
structuration".
À l'issue du vote, Pascal Durand, délégué national d'EE, a estimé que le rassemblement avait "gagné beaucoup de temps" en "définissant un chemin dont nous ne connaissons pas la fin". Jean-Vincent
Placé, numéro deux des Verts, très critique vis-à-vis de la méthode "Dany", s'est lui félicité d'"arriver à une solution de synthèse" avec "une année pour faire un boulot passionnant", "sans tabou"
avec le "projet" comme "priorité". "On a réussi à conjurer nos vieux démons" de la division, s'est réjoui Mickaël Marie, trésorier des Verts, mais "est-ce qu'on va être d'accord à l'unanimité dans
les 6 ou 12 mois à venir ? Pas sûr". Dès la convention nationale, "ce sera plus compliqué", estime ce proche de Dominique Voynet : sur le calendrier, "il n'y avait pas de raison qu'on
s'engueule".
Des divergences subsistent
Car si tous sont d'accord sur la poursuite du rassemblement, les avis divergent sur l'organisation à terme d'EE ou le "projet" que les Verts veulent "ancré à gauche". Ainsi sur les retraites, quand
la position officielle des Verts est de défendre le départ à 60 ans, "Dany" qui soutient par ailleurs la libéralisation des services publics, propose un "mélange de temps de travail et de retraite"
pour les plus de 60 ans.
Sur 2012, les divergences sont également fortes, entre un Cohn-Bendit plus attaché à obtenir un groupe autonome écologiste à l'Assemblée qu'une candidature de témoignage à l'Élysée. Mais pour
Cécile Duflot, à 9 % des intentions de vote au premier tour de la future présidentielle (Ifop), "la pente naturelle (depuis 1974) est de présenter un candidat", "facteur d'une vraie dynamique de
deuxième tour", comme aux régionales.
Source : Le Point