Les Français sont nuls en langues étrangères ? Pourtant les étudiants sont de plus en plus nombreux à choisir de passer une année ou même juste un semestre à l’étranger. Mais se loger, suivre des cours dans une autre faculté, être soudain totalement indépendant… est-ce si simple à seulement 20ans ? Ma sœur Emma passe actuellement sa licence de LEA (Langues Étrangères Appliquées) à Barcelone. Une bonne occasion de la passer au grill !
Peux-tu nous parler de ton parco
urs universitaire ?Je suis en 3e année de LEA section Anglais / Espagnol à l’université de Cergy-Pontoise (95). J’étudie les langues appliquées au commerce, j’ai donc des matières diverses et variées telles que du droit, du marketing, de la comptabilité, de la gestion d’entreprises mais aussi de la traduction dans les deux langues étudiées et de la civilisation. J’ai choisi LEA car c’était l’une des seules filières universitaires qui offraient la possibilité d’étudier l’Anglais et l’Espagnol en même temps, ce qui est très important pour moi. De plus, c’est grâce à cette filière que j’ai pu participer au programme Erasmus.
Pourquoi avoir décidé de partir à l’étranger ? Que penses-tu que cette expérience va t’apporter ?
J’ai décidé de partir à l’étranger car pour moi c’est une opportunité importante qui ne se représentera pas deux fois : partir à 20 ans, étudier, parler une langue étrangère en totale immersion, rencontrer de nouvelles personnes, faire la fête (oui il faut le dire) et goûter à l’indépendance. De plus, j’ai effectué pas mal de voyages linguistiques en Angleterre dans une famille d’accueil les années précédentes alors mon anglais n’est plus à parfaire. Par contre, mon espagnol est au plus bas ! Alors rien de mieux qu’une immersion totale en Espagne, à Barcelone plus exactement, pour apprendre l’espagnol courant. Grâce à cette expérience, je pense que je vais pouvoir rencontrer de nouvelles têtes, découvrir de nouveaux horizons scolaires car je vais étudier le tourisme (un secteur qui m’est inconnu mais qui m’attire beaucoup) mais aussi l’indépendance et surtout parler espagnol quotidiennement. Ce ne sera pas facile tous les jours mais je pense qu’après ces 6 mois j’aurai changé quelques aspects de ma personnalité et peut être même ma façon de vivre.
Parle nous des démarches à suivre ? est-ce facile de préparer un départ comme celui-ci ?
Les démarches à suivre pour ce genre de départ sont très difficiles et longues. En effet, l’administration universitaire n’est vraiment pas du genre à nous tenir la main dans chaque étape de notre voyage mais plutôt à nous laisser nous débrouiller…Ce qui, en théorie, est un très beau principe s’avère être, en pratique, un véritable enfer. J’ai commencé les démarches administratives un an avant mon départ en remplissant un dossier avec lettres de motivation (en français et en espagnol), Curriculum vitae dans les deux langues et mon relevé de notes des années universitaires passées. J’avais choisi comme destination, à la base, Grenade, Barcelone ou Valence. Deux mois après, j’ai été affectée à Barcelone. A partir de ce moment là, j’ai du choisir les matières que je désirais étudier à la fac de tourisme de mon université. J’ai très vite déchanté car mon coordinateur Erasmus en France ne répondait pas à mes emails et ne me confirmait pas mon contrat d’études (où figurent mes matières). J’ai du attendre la rentrée de septembre pour avoir de ses nouvelles mais ce n’était pas fini ! Apparemment, il me manquait une matière de grammaire espagnole qui n’existait pas dans mon université. J’ai donc du « négocier » avec mon coordinateur et lui faire comprendre que je ne pouvais inventer une matière qui ne figurait pas dans ce qui était proposé. Enfin, à un mois de partir, celui-ci a accepté que je prenne une matière de traduction espagnole. Ensuite, il fallait remplir des papiers pour confirmer mon départ au bureau des relations internationales qui est ouvert deux après-midi par semaine seulement. Sans ces papiers je ne pouvais pas partir ni toucher une bourse Erasmus. Finalement, à force de persistance et de patience, j’ai pu tout finaliser. Ça n’a pas été du gâteau car j’ai du aller de bureaux en bureaux mais au moins j’ai tout eu avant de partir !
Comment s’est passée ton installation à Barcelone ?
Mon installation a été quelque peu difficile car c’était la première fois que je quittais le cocon familial et je me suis retrouvée face à quelques difficultés administratives de l’autre côté de la frontière française aussi… La recherche d’appartements a été un peu chaotique car beaucoup de propriétaires proposaient des placards à balais à des prix très élevés. Etant donné que Barcelone est la ville étudiante par excellence, les propriétaires savent que les étudiants n’ont pas le choix et doivent trouver un appartement ou une collocation rapidement et à n’importe quel prix. Cependant, j’ai réussi à en trouver une bien placée et à un tarif presque raisonnable. La première semaine fut difficile et la France me manquait beaucoup mais petit à petit j’ai commencé à rencontrer d’autres étudiants et à sortir plus. Puis, j’ai du remplir des papiers aussi à mon université espagnole ce qui ne fut pas de la tarte car les bureaux sont peu ouverts. Il m’a fallut deux semaines pour finaliser le tout et envoyer les papiers en France prouvant que j’étais bien arrivée à l’université espagnole. De plus, j’ai eu quelques soucis concernant mes cours car ils étaient en catalan. Or ne parlant pas cette langue, j’ai du changer mon fusil d’épaule et trouver d’autres matières, cette fois, en castillan. Néanmoins, après tout cela, j’ai pu enfin profiter de mon expérience et de Barcelone.
Voila maintenant plusieurs semaines que tu es parties. Quel est le premier bilan que tu en retires ?
Pour le moment, je ne regrette absolument pas d’être partie. Mes cours sont très intéressants, Barcelone est une très jolie ville qui bouge beaucoup, on ne peut pas s’y ennuyer ! Malgré les obstacles administratifs et le mal du pays au début, je me rends compte que tout cela en vaut la peine et que je vis une expérience unique. Je progresse en Espagnol et je me débrouille plutôt bien, ce qui est une belle surprise pour moi. La vie en collocation est différente et l’indépendance est assez géniale !
Est-ce dur de suivre les cours universitaires en espagnol ?
Il est parfois difficile de comprendre car les professeurs parlent assez vite mais en règle générale ils sont compréhensifs et répètent si besoin. Ils savent que ce n’est pas notre langue natale et sont à l’écoute de nos besoins. La vie universitaire est différente en Espagne car les cours ne sont pas obligatoires et arriver en retard à un cours pour eux n’est pas un problème, ce qui change de la France ! Il faut juste faire attention à ne pas tomber dans le piège Erasmus et ne jamais aller en cours. Il faut aussi avoir la moyenne à tous les cours sinon on risque les rattrapages, ce qui peut être difficile mais comme j’étudie le tourisme mes cours sont beaucoup de pratique et non d’examens écrits. Je dois innover certains concepts touristiques et organiser des évènements imaginaires ce qui s’avère être parfois ardu mais stimulant.
Que penses-tu faire ensuite ?
Le tourisme m’attire beaucoup alors pourquoi pas un master tourisme si j’arrive à décrocher ma licence ? Je dois m’occuper de mon avenir très prochainement étant donné que la rentrée de septembre va approcher à grand pas ! Même s’il est encore un peu incertain, je pense continuer dans la branche touristique et m’appuyer sur les connaissances que j’acquière ici, en Espagne.