Le 7 décembre prochain sera décerné le 5ème ballon de plomb du football français. A l’initiative des cahiers du football, cette distinction récompense le plus mauvais joueur de l’année selon les trois critères du choix de carrière, de la performance sportive et du comportement.
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L’entreprise est cruelle, certes, mais c’est là l’essence même de son succès. Elle fait ressortir de nous notre bestialité originelle; celle du chat jouant longuement avec sa proie plutôt que de l’exécuter. Pour peu que l’élu manque de sens de l’humour et se vexe, il nous viendra du ventre un quelque chose d‘incontrôlable, de vil, comme une terrible envie de se moquer de lui. On peut également reprocher à une telle élection de chercher à distinguer un individu au sein d’un sport collectif, lequel individu ne saurait de fait être le seul responsable de sa médiocrité, mais pourrait avoir été placé dans de mauvaises conditions par les résultats de son équipe ou par son entraîneur.
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Il n’en reste pas moins que l’exercice est assez jubilatoire et qu’il est difficile de réprimer un léger rictus à l’évocation des joueurs nominés. La fine équipe du comptoir des politiciens fait de Bonaventure Kalou son favori tant la carrière de l’ivoirien s’est liquéfiée en un temps record et qu’il est difficile de se souvenir qu’il fut un jour un bon joueur. Notre coup de cœur de l’antipathie s’adresse à la légende Fabien Barthez tandis que le parcours et le talent gâché de Stéphane Dalmat, éternel espoir de 43 ans méritent une certaine considération. Si l’on ajoute l’impécable nonchalance de Johan Micoud, l’exceptionnelle médiocrité de Eric Cubillier et l’intraitable maladresse de Damien Grégorini dans ses sorties aériennes, il semble que l’on tienne parmi ces noms le successeur de Bernard « périphérique » Mendy.
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Pour notre part, nous regrettons l’oubli sur cette liste de Djibril Cissé dont les absences cumulées d’esprit d’équipe, de sens du jeu et de pied gauche semblaient pourtant constituer les atouts d’un candidat très honorable. Vous-même amis blogeurs avez peut-être dans l’esprit d’autres noms ou d’autres rancoeurs que nous vous invitons à faire partager dans vos commentaires.
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Quoiqu’il en soit, il faudra une bonne dose d’humilité au lauréat pour accueillir le fardeau d’un tel honneur. Le plus dur commencera alors pour lui et afin d’éviter de faire décoller sa carrière pour aller tutoyer les étoiles, il lui sera peut-être nécessaire de s’accrocher le ballon de plomb à la cheville.
Matthieu