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Soundtracks : Alice au Pays des Merveilles

Par Kub3

Attendu par tous comme LE film du moment, Alice in Wonderland de Tim Burton marque aussi la 12ème collaboration avec Danny Elfman en tant que duo réalisateur/compositeur. Leur reste t-il encore des choses à dire ?

Soundtracks : Alice au Pays des Merveilles

Rares sont les collaborations aussi longues dans le cinéma américain. À part Steven Spielberg et John Williams ou Robert Zemeckis et Alan Silvestri, peu d’élus peuvent se targuer d’avoir travaillé avec la même personne sur trois décennies. Il faut dire que les deux font la paire, et encore aujourd’hui des scores comme Batman ou Sleepy Hollow restent des chef d’œuvres dans leurs genres.

Lorsque l’on écoute Alice in Wonderland dans le film, il y a une double surprise : la présence d’un thème relativement marquant, qui reste en tête une fois l’écran rallumé et un wall-to-wall désagréable qui n’arrange en rien les lacunes (gouffres ?) scénaristiques et le rythme souffreteux. Le wall-to-wall, c’est la présence continue de musique, du début à la fin du film. Ce qui état courant durant le Golden Age (de King Kong de Max Steiner au milieu des années 50 avec l’arrivée du jazz et du rock), quand il fallait meubler le manque cruel de son du studio, l’est beaucoup moins aujourd’hui.

Cette musique incessante, finalement peut marquante, vient atténuer chaque scène, chaque moment du film. Et sur CD, c’est à peu près le même effet. Danny Elfman a l’air de remplir les scènes avec ce qu’il peut, alternant passages lents et colorés avec le thème d’Alice, repris souvent avec une voix féminine, parfois jouant sur la tension et la peur à grand coups d’archets et de cuivres. En tendant l’oreille, on a presque l’impression de retrouver des passages à la Howard Shore, le roi du remplissage depuis ses neuf heures de musique pour le Seigneur des Anneaux.

Un beau thème c’est bien, c’est même de plus en plus rare, mais ça ne suffit pas à remplir les deux heures de film et les cinquante minutes d’un album pâlot, qui fera encore et encore répéter aux fans d’Elfman (et de musique de films en général) que c’était mieux avant. Aucun thème mémorable pour les personnages hauts en couleurs du film, que ce soit la Reine Rouge, Bayard ou le Chapelier Fou. On remarquera l’effort sur la Reine Blanche et ses petites clochettes d’une inventivité folle…

Quelques passages sortent du moule habituel de Elfman, comme le cuivré Alice Escapes, mais sans réussir à faire décoller l’album. On remarque avec plaisir l’apparition de cinq pistes, appelées Alice Reprise, qui donnent artificiellement un peu de corps à l’ensemble.

Au final, à l’image d’un film attendu mais raté, Elfman n’a pas franchement réussi à transformer l’essai. Et cela fait des années qu’il n’a pondu un score unique, original et brillant comme nous en avions l’habitude avec Mission: Impossible, Batman ou le méconnu Freeway. Dommage !

Soundtracks : Alice au Pays des Merveilles

Album disponible à l’écoute ici


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