Hier matin, de bonne humeur ( mon amoureux appréciera), je file doux dans la cuisine faire de délicieux petits gâteaux à la noix de coco. Nous sommes invités à midi et j’aime arriver avec une petite spécialité à tremper dans le café pour finir splendidement un bon repas. ( non nous ne parlerons pas de mon régime).
Donc, mélangeage de la noix de coco rappée puis lait concentré sucré. Je patouille avec mes mains ( c’est gluant mais j’adore… surtout si le téléphone sonne et que c’est très important). Donc je patouille un moment et fait des tas de petits dômes, bien rangés sur ma plaquette beurrée. Une trentaine en fait, alignés comme des appelés la face bien blanche de n’avoir pas encore rampé dans les ornières boueuses des petites nuits d’apprentis combattants. Je mets le four sur 200 et enfourne mon bataillon.
Et je vaque. Et c’est LA l’instant de la nouille. La nouille vaque et oublie. Elle ouvre ses mails, elle vérifie si sa jupe commandée est arrivée au point relais, elle répond à son amoureux en choisissant des fonds d’écran courrier. Elle se ballade quoi, insouciante du drame qui se joue dans son four et devant ses yeux aveugles. Et son nez ? que fait son nez ? Il ne capte rien , ni l’odeur délicieuse du lait concentré sucré qui caramélise, ni l’odeur ensuite acre qui fait place à cette douceur éphémère. Ses yeux sont fixés sur son écran. Elle ne voit pas les volutes noires dans le ciel de sa cuisine. Elle attend que sa voisine crie au feu ?
Puis soudain, la conscience reprend le dessus et c’est trop tard. Son bataillon est noir. Acculés ils ont choisi de mourir en héros, le corps bien droit, calciné à cœur.
j’achèterai des fleurs avant de partir à midi.
Et je boirai nouillement mon café.