Metéo France avait placé la côte vendéenne en vigilance jaune, hier, à l'occasion des grandes marées. Dans les lotissements désertés de La Faute, on continuait les travaux sur la digue pour éviter tout débordement du Lay, le cours d'eau qui lèche les jardins. : Blandine LEMPERIERE
Les habitants de La Faute et de L’Aiguillon respirent un peu mieux depuis quelques heures. La grande marée a passé son chemin.
Reportage
Des volets fermés, des portes grandes ouvertes qui claquent, la cime des mimosas qui parait entamer une danse du vent macabre.
Début d’après-midi, hier, à La Faute, quartier des Doris et des Voiliers. Un calme inquiétant règne. La commune balayée par Xynthia semble retenir son souffle. On imagine, à travers les reliquats de la catastrophe qui jonchent encore le sol, en bordure de la digue qui sépare du Lay, les petites vies de bonheur qui se brodaient ici, sous le niveau de mer. C’était avant le 27 février.
La Faute paraît morte aujourd’hui. Les rares habitants croisés sont comme des fantômes surgis de nulle part, qui tentent de sauver quelque chose. Ou qui se persuadent que leur maison résistera au vent mauvais des démolitions.
C’est le cas de Jean-Noël Pérols. Quinze jours qu’il est à pied d’oeuvre, à retaper sa maison. Il veut qu’elle soit prête en juin. « Quand les enfants et les petits-enfants viendront. » Il a ça en tête, enfoncé au marteau-piqueur. L’idée de la démolition ? Il la chasse d’un revers d’optimisme. « C’est quand même pas la zone la plus basse de La Faute. » Ici, pourtant, dans la nuit du 27 au 28, plus d’un mètre d’eau s’est invité. L’océan devenu fou a semé la mort.
Aujourd’hui, avec les coefficients de marée de 110 et 112, il « ne croit pas » que l’histoire puisse se répéter. Se gardant bien de certitudes. Car Xynthia a aussi balayé les croyances les mieux ancrées des habitants du coin. De ceux qui savaient, d’expérience, ce qui allait se produire quand une tempête s’annonçait. Mytiliculteur à la retraite à la pointe de L’Aiguillon, Jean-Pierre est prudent. Il est 17 h 30. Sous la poussée de la mer, le Lay monte. Une demi-heure encore. L’eau arrive doucement vers les cabanes.
Un gros bouillon d’écume se forme
« Ça va monter de 30 centimètres encore », évalue, au doigt mouillé, Simon, un copain agriculteur. Mais ça ne sera pas fini. « En général, après l’heure de la pleine mer, ça monte encore pendant une vingtaine de minutes », souligne le même Jean-Pierre. L’inquiétude est tenue en garde. « Malgré tout, on a un peu peur quand même. Et on ne sait pas si ça peut pas se reproduire, avec ces histoires de dérèglement climatique. »
Pendant ce temps, à la Belle-Henriette, entre La Faute et La Tranche, le préfet surveille la montée de l’océan comme le lait sur le feu. Depuis la tempête, c’est le secteur qui pose le plus de problèmes. Dans la nuit du 27 au 28 février, la mer a enfoncé cette dune comme une voiture bélier. C’est aujourd’hui un boulevard pour l’océan.
Au pied de ce qui reste de la dune, un gros bouillon d’écume se forme. L’État se démène pour la renforcer depuis quelques jours. La pelleteuse est en service, pour fermer les terres et les habitations à double tour. Sous les regards des journalistes et des badauds. Comme Jacques et Marianne. Ils habitent Pissotte. Un temps, ils avaient rêvé construire une petite maison sur le secteur. « On est même bien content de ne pas l’avoir fait. »
Il est 18 h. La mer peut commencer à se retirer. Sur la tête des habitants plane désormais un autre nuage angoissant, la publication de la carte des zones inconstructibles, attendue dans la semaine.
Philippe ÉCALLE.
Ouest-France
Source : maville.com
Tags:agriculteur, déréglement climatique, écume, environnement, grandes marées, l'Aiguillon sur Mer, La Faute sur Mer, la Tranche sur Mer, mytiliculteur, océan, ostréiculteur, Pays de la Loire, tempête, vendée, vent, xinthia