C’est la question qui se pose actuellement suite à l’apparition d’une toute nouvelle technique en la matière, appelée «vitrification» (ici). Destinée aux femmes infertiles, cette méthode a fait ses preuves dans d’autres pays, comme le Japon, l’Allemagne, le Canada, l’Italie, la Belgique ou l’Espagne, mais elle reste interdite en France. Selon François Thepot, adjoint du directeur de l'Agence de biomédecine, «il n'est pas possible de tester cette méthode de congélation sans changer la loi de bioéthique de 2004, qui interdit les nouvelles techniques d'AMP». Pourtant, ce procédé présente l’avantage, grâce à une congélation ultra-rapide, de ne pas créer de cristaux dans l’ovocyte et de préserver ainsi au mieux les fonctions des cellules reproductrices féminines. Cette technique donnerait la possibilité notamment aux femmes suivant un traitement anti cancéreux d’avoir un enfant par la suite. Elle serait aussi «la solution aux problèmes d'altération de la réserve ovarienne et aux ménopauses précoces», selon le Dr Jean-Michel Dreyfus (infos_femmes_enceintes) vice-président du syndicat des gynécologues et obstétriciens.
En France, nous sommes par ailleurs confrontés à une pénurie de dons d’ovocytes. En 2006, par exemple seules 220 femmes ont fait un don débouchant sur 400 fécondations in vitro, alors que plus de 1300 couples étaient en attente. Le Dr Pierre Boyer, biologiste à l'hôpital Saint-Joseph de Marseille estime qu’«avec la congélation des ovocytes, c'est uniquement la mère qui décide, de la même façon qu'il existe la congélation des spermatozoïdes pour les pères». En effet, la congélation de spermatozoïdes, elle, est autorisée depuis les années 1940. Un argument qu'utilise également le Dr Pierre Tourame, gynécologue à Marseille. Cette technique permettrait aussi selon lui «d'éviter enfin le fardeau de la congélation des embryons, autorisée depuis le milieu des années 1980».
C’est pourquoi de nombreux médecins spécialisés dans l’assistance médicale à la procréation (AMP) n’hésitent pas à envoyer leur équipe se former à cette méthode dans d’autres pays. Le Professeur Claude Sureau, ancien chef du service gynécologie à l'hôpital Cochin, membre de l'Académie de médecine et du Comité national d'éthique, dénonce une «bêtise administrative» qui fait que la France est «ridiculement à la traîne sur le sujet ». Reste donc à souhaiter que la révision des lois de bioéthique programmée avant la fin de l’été, prévoit de s’intéresser à cette question.
Pour aller plus loin : Articles ici, ici, là, là et là. Loi de bioéthique ici.