Après le passage de la tempête Xynthia, les habitants de La Faute-sur-Mer ont dû procéder au grand nettoyage dans de nombreux quartiers (ici, rue des Tamaris). Aujourd'hui, plusieurs associations sont en train de se constituer pour défendre les droits des sinistrés et comprendre ce qui s'est passé. Photo : Thomas Bregardis.
Nouvelle étape un mois après Xynthia : les sinistrés fautais se regroupent en association pour faire valoir leurs droits. Décryptage des enjeux avec Xavier Machuron-Mandard, résident secondaire à La Faute-sur-Mer et cofondateur de l’Avif, Association des victimes des inondations fautaises.
Commentest venue l’idée d’une association de sinistrés ?
Je suis moi-même sinistré, résident secondaire dans le lotissement des Voiliers. En discutant avec les voisins, en réalisant l’ampleur des dégâts, la nécessité d’une association est devenue une évidence. D’autres sont d’ailleurs en cours de création (au village de Doris, notamment, NDLR). Concernant l’Avif, le dépôt des statuts est imminent.
Quelle est la mission de cette Avif ?
Rassembler et informer. Un sinistré fautais a créé, juste après la tempête, un site (www.lafautesurmer.net) qui a relayé des informations et permis aux gens de s’exprimer. Nous avons le même objectif. Plus nous aurons d’adhérents, plus nous aurons de force. Pour l’instant, nous sommes une dizaine. Mais je reçois déjà de nombreux coups de fil et des mails.
Quel est l’état d’esprit des sinistrés, aujourd’hui ?
Ça dépend des situations. Il y a des gens qui ont subi des dégâts certes traumatisants, mais uniquement matériels. D’autres ont tout perdu : des amis, de la famille, leur maison, leur voiture, leur travail. En fonction de ce qu’on a vécu, on n’envisage pas la suite de la même façon. Notre association est d’autant plus nécessaire que certains sont dans un désarroi total, compte tenu de la complexité actuelle de la situation.
C’est-à-dire ?
Les assurances et l’État sont en train de travailler sur des problématiques complexes. Pour l’instant, c’est le flou. Certaines maisons ne seront pas détruites, d’autres le seront. Sur quels critères cela va-t-il se décider ? Dans quel contexte légal des expropriations seront-elles prononcées ? Je rappelle aussi que les indemnisations des assurances sont versées dans la perspective d’une reconstruction. Mais si on interdit de reconstruire, comment fait-on ? La situation est urgente et le préfet donne le sentiment de l’avoir bien compris.
Envisagez-vous des suites judiciaires ?
Expliquer la tempête, c’est une chose. Comprendre comment elle a conduit à submerger des habitations en est une autre. La défaillance aurait pu être évitée. Notre objectif est de comprendre, d’expliquer, et de contribuer à ce que ça ne se reproduise pas, même si c’est un voeu pieu. Il y aura peut-être des conséquences judiciaires. Mais je ne pense pas qu’il y ait de rancoeur. Nous allons en tout cas faire appel à un conseil juridique, pour mieux nous défendre et nous permettre, le cas échéant, d’accéder au dossier.
Il se murmure que Corinne Lepage pourrait incarner ce conseil juridique. L’avez-vous contactée ?
Corinne Lepage, par sa connaissance et son implication dans le domaine de la protection de l’environnement a une légitimité incontestable. Elle n’est pas la seule. Mais je ne me permets pas de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse.
Recueilli par Benoît GUÉRIN.