"Alice au pays des merveilles" de Tim Burton était l’un des longs métrages que j’attendais le plus en cette année 2010. Je l’ai vu avant-hier (en 2D) et j’ai pris une énorme claque de déception dans la figure.
Je suis venu, j’ai vu et je n’ai pas vaincu le mortel ennui qui s’est installé au fil des minutes.
Tim Burton est pourtant un cinéaste qui m’a toujours enchanté. Même sa relecture simiesque avait quand
même d’indéniables qualités malgré un mauvais accueil de la critique et du public.
Certains diront que son "Sweeney Todd" a donné quelques signaux
d’alertes.
J’étais confiant en imaginant une vision baroque de l’univers de Lewis Carroll revu et corrigé à la sauce Burtonienne. Et bien je me suis lourdement trompé.
Le film se trouve au croisement de deux livres : "Les aventures d’Alice au pays des merveilles" et
"De l'autre côté du miroir et ce qu'Alice y trouva".
Alice (Mia Wasikowska) a 19 ans et retourne au pays des merveilles qu’elle a connu enfant mais dont tout souvenir s’est
effacé de sa mémoire.
Je n’ai pas lu les œuvres originales mais le début du long métrage de Tim Burton m’a surtout fait penser à l’univers de Jane
Austen ("Orgeuil et préjugés") avec la thématique du mariage comme vecteur d’élévation sociale dans
une société anglaise étriquée de principes et de conventions.
J’ai trouvé le temps long, très long. La bienséance m’interdit de dire plus franchement mon sentiment. A part quelques fulgurances bien timides et certaines bonnes idées, le film s’étire en
longueur et paraît durer des heures. Le film où les changements de rythme font défaut. Pas d’envolée lyrique ni de brusques élans de génie
L’ensemble manque de souffle épique, de folie douce propre à Tim Burton. On a l’impression que le cinéaste a décidé de mettre au placard ses touches d’inspiration qui caractérisaient son travail
de metteur en scène.
Son "Alice au pays des merveilles" semble formaté, académique. Le rendu semble trop lisse et correspond si peu au monde de Tim Burton. Il n’apporte rien de plus au célébrissime dessin animé de Walt
Disney.
Le film comporte trois parties distinctes : une introduction et une conclusion se déroulant dans la ""réalité" qui encadrent l’immersion au pays des merveilles. Je me suis surpris à véritablement
apprécier la séquence d’ouverture et la conclusion du film Des moments de très bonne facture dans lesquels les comédiens sont plus que convaincants. Un comble.
La plongée au pays des merveilles n’a pas été merveilleuse du tout.
Je pense tout simplement que ce film manque d’âme et d’identité propres à créer un chef d’œuvre en 120 minutes. Tim Burton n’arrive visiblement pas à s’affranchir de certaines contraintes. Son
champ d’action et sa liberté créatrice ont-elles été totales ?
Pourtant j’ai longtemps espéré plonger à corps perdu dans une ambiance gothique, démesurée mais il n’en fut rien. Ce qui caractérisait les premiers longs métrages de Tim Burton étaient ces
touches de personnalité qui transcendaient la moindre situation. On ressentait la patte burtonienne. Dans "Alice au pays des merveilles" le talent du Monsieur semble s’être dilué dans un résultat
si apathique.
Mais la plus grosse déception concerne les effets spéciaux. Malgré des éléments assurément réussis, la facture d’ensemble m’a paru bien laide, voire bâclée. Je me suis dit que le film aurait pu
s’appeler "Alice au pays des fonds verts" tant certains procédés dénaturent le long métrage. L’univers visuel mis en place ressemble à un assemblage bordélique d’images tape à
l’œil.
La partition musicale de Danny Elfman ne restera pas dans les mémoires. Calamiteux à entendre.
Mia Wasikowska est une Alice crédible à défaut de séduire. Helena Bonham Carter incarne une Reine Rouge fascinante
et cruelle à souhait. La comédienne anglaise est vraiment à l’aise.
A l’inverse Johnny Depp m’a horripilé en chapelier fou. J’ai trouvé qu’il surjouait. Sur le fond je me demande si Tim Burton
et l’acteur américain ne devraient pas couper le cordon ombilical une bonne fois pour toutes. L’omniprésence de Johnny Depp dans la filmographie de Tim Burton me lasse au plus haut point et en
devient presque gênante. .
Quant à la présence de Anne Hathaway en Reine Blanche, un mot suffit à décrire sa prestation : ridicule.
Vous allez peut être trouver que je suis dur mais je ne peux pas croire qu’il s’agit du même cinéaste ayant mis en scène des longs métrages d’anthologie, des pépites du 7ème art, et cet "Alice au
pays des merveilles" si aseptisé et si sage.