Un film diaboliquement pervers.
J’ai revu grâce à Arte ce film de Georges-Henri Clouzot, Les diaboliques, qui m’avait terrorisée quand j’étais enfant. Il y a évidemment la scène finale qui avait bien produit son effet, mais aussi, la scène de la photo de classe où on aperçoit après coup la silhouette du disparu, derrière une fenêtre. Bizarrement, ce détail m’avait paru insoutenable.
Bref. Ce film est intéressant, au-delà de son efficacité narrative, par le lien qui unit les deux tueuses : la femme légitime et la maîtresse d’un homme insupportable, toutes deux malmenées par cet odieux personnage (comme on le voit dans l’extrait ci-dessus). Elles s’allient donc pour le supprimer. L’une est forte, l’autre fragile. Le remake calamiteux de 1996 a ajouté (avec de gros sabots racoleurs) une dimension amoureuse homosexuelle entre les deux femmes (au hasard, Isabelle Adjani et Sharon Stone, c’est sûr, c’était vendeur). Je n’en vois guère la trace dans le chef-d’oeuvre de 1955.
Elles deviennent donc tueuses. Mais ce qui est parfait et implacable dans le scénario, c’est que ce que l’on prenait pour une complicité féminine, n’est en fait qu’une rivalité masquée ; je n’en dis pas plus pour ceux qui n’auraient pas encore vu le film.
L’amitié féminine n’est donc pas la panacée d’un mariage raté nous dit Clouzot (enfin Boileau & Narcejac)… L’homme est un loup pour l’homme… et la femme, ici, quel animal est-elle pour sa congénère ?