La « fuite » serait sans doute passée inaperçue si les 90 pages du rapport n’avaient été accompagnées d’une analyse critique de la Fédération internationale de l’industrie du médicament (Ifpma), laquelle n’était pas censée disposer d’une copie. La Fédération jugeait notamment « contre-productive » l’idée d’instaurer une taxe sur les bénéfices des entreprises pharmaceutiques pour financer la recherche médicale à hauteur de 160 millions de dollars par an. Ces remarques avaient conduit le Lancet, la revue médicale de référence, à accuser l’industrie pharmaceutique de vouloir « saboter » le travail des experts.
Le 18 janvier dernier, à l’occasion d’une réunion du conseil exécutif de l’OMS à Genève, composée d’une quarantaine d’États, les représentants des pays se sont vus remettre une synthèse du rapport, dans laquelle figurait une série de propositions sélectionnées parmi les idées fortes des experts. Toute mention d’une taxe sur les bénéfices des industries pharmaceutiques avait disparu de la sélection, soulevant des interrogations sur l’indépendance des experts face aux intérêts économiques des entreprises du secteur.
Dans la même intention d'aider les malades des pays pauvres, les pays du Sud représentés à l'OMS aidés des ONG, tentent de remettre en question la politique en vigueur au sujet des brevets : ils constatent la complète inefficacité de cette politique, puisque strictement aucune recherche n'est entreprise à destination des maladies qui sévissent dans les pays pauvres. Les laboratoires pharmaceutiques, eux, continuent de soutenir que les règles actuelles stimulent la recherche.
La sénatrice colombienne Cecilia Lopez Montano, l'une des experts, a interpellé les membres de l'OMS sur cette question
Quand j’ai essayé d’aborder le sujet des brevets, il m’a été répondu que cela ne faisait pas partie de notre mandat. J’ai préféré quitter les discussions plutôt que de perdre mon temps avec des thèmes qui ne permettront pas de financer la recherche sur les maladies négligées.Dans le rapport les experts constatent
Les mesures d’incitation commerciale fournies par la propriété intellectuelle (NDLR : les brevets) n’ont pas abouti à des améliorations suffisantes en matière de santé publique dans les pays en développementMais ils ne proposent rien.
Source : La Croix
Au sujet de l'OMS voir aussi : Conflits d'intérêts autour de la Grippe A ...