Cher-e-s ami-e-s,
En 2007, vous avez signé, comme 750 000 Français le Pacte écologique porté par la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme. Votre mobilisation sans précédent a permis d'obtenir l'engagement de Nicolas Sarkozy, de 9 autres candidats à la présidentielle, et de plus de 400 députés et sénateurs de faire de l'environnement une priorité de l'action publique. Des avancées concrètes ont été obtenues : création d'un n°2 du gouvernement en charge du développement durable, les conclusions du Grenelle de l'Environnement et le vote à l'unanimité de la loi Grenelle I... qui ont suscité beaucoup d'espoir.
Le Pacte Ecologique n'est plus respecté
Avec le Grenelle de l'Environnement, nous pensions le constat partagé, nous pensions pouvoir nous concentrer sur la recherche de solution, il n'en est rien. Les mots clefs des années à venir sont désormais exclusivement la compétitivité, l'emploi, la santé comme si toutes ces problématiques ne dépendaient pas profondément de l'état de notre environnement. Le développement durable n'est décidément pas l'axe structurant de l'ensemble des politiques publiques. C'est au mieux un axe parmi d'autres : l'économie, le social, l'agriculture, la culture. Au pire, un axe opposé aux autres. Le discours dominant redevient celui d'il y a plusieurs années : la réponse aux défis écologiques est de nouveau systématiquement opposée à la compétitivité économique et à la protection des emplois. L'environnement redevient un simple enjeu électoral, une variable d'ajustement. Ce n'est pas l'esprit du Pacte écologique.
Il nous faut changer de modèle économique, poser les bases d'une croissance sélective, ancrées sur la préservation et un meilleur partage des ressources naturelles. Les emplois, la compétitivité des entreprises, sont menacés par les crises environnementales. La raréfaction des ressources énergétiques, la destruction des écosystèmes vont accentuer la vulnérabilité des plus faibles d'entre nous, fragiliser nos économies et nos démocraties et générer de nouvelles sources d'affrontements. C'est ce que n'ont pas compris la plupart des responsables politiques et économiques.
Une suspension nécessaire pour plus d'efficacité
C'est pourquoi, la Fondation Nicolas Hulot décide de suspendre sa participation aux groupes de travail mis en place par le gouvernement jusqu'à ce que des décisions fortes remettent le développement durable au cœur des politiques publiques. Depuis 3 ans, nous participons activement à de nombreux groupes de travail du gouvernement, notamment issus des Grenelle de l'Environnement et de la Mer, afin de faire émerger des solutions concrètes. Or, les récentes déclarations des responsables politiques montrent que l'engagement des parties prenantes aux groupes de travail gouvernementaux est de moins en moins suivi d'effets. Il nous apparaît donc absolument nécessaire d'analyser les raisons du recul que nous vivons et d'évaluer nos modes d'actions pour nous tourner vers plus d'efficacité, pour concentrer nos forces là où elles sont utiles et pour nous préparer aux échéances où nous pourrons faire la différence.
Nous sommes convaincus que la mutation environnementale ne se fera que dans le dialogue et dans le débat. Cependant, l'annonce surprise au lendemain des élections régionales de l'abandon du projet de loi sur la taxe carbone, sans la moindre concertation des parties prenantes, marque non seulement une rupture des ambitions françaises en matière de protection de l'environnement, mais aussi un renoncement au débat tel qu'il a été mis en place avec le Grenelle de l'Environnement. La levée de boucliers de tous bords et la cacophonie qui en a résulté ont largement contribué à ce résultat.
L'écologie ne doit pas être un choix opportuniste
à gauche comme à droite, certains sont convaincus de la nécessité de changement. La Fondation Nicolas Hulot salue ainsi l'action du ministre du développement durable, Jean-Louis Borloo, et de sa secrétaire d'Etat, Chantal Jouanno. Mais dans ce gouvernement comme dans d'autres partis politiques, la conversion à l'écologie n'est trop souvent qu'opportuniste. Cela crée des dégâts importants. Aujourd'hui, les signaux envoyés risquent de briser net l'élan du changement. Dans les entreprises, les collectivités territoriales, les syndicats, les associations et dans votre quotidien vous êtes nombreux à vous être mobilisés, à agir. Cela doit continuer, même si les messages négatifs ou le climato-scepticisme renforcent les résistances.
Nous concentrer sur de nouvelles formes d'actions
Au moment du Pacte écologique, Nicolas Hulot a créé au sein de sa Fondation
l'observatoire du Pacte écologique.
En 3 ans, nous avons suivi de près l'avancée de nos
propositions. Le premier bilan est clairement insuffisant. Il est temps d'inventer de nouvelles formes d'actions, plus proches des acteurs du changement.
La Fondation Nicolas Hulot souhaite poursuivre le dialogue avec
l'ensemble des acteurs sociaux économiques, mais aussi politiques qui
acceptent de réfléchir sur les solutions du long terme pour préparer
l'avenir.
Nous devons analyser les raisons pour lesquelles nos propositions et notre approche n'ont pas été comprises. Nous portons sans doute une part de responsabilité. Nous n'avons pas su expliquer et convaincre de la nécessité d'anticiper les modifications inéluctables du monde du travail, de faire basculer notre fiscalité pour libérer l'emploi et réduire l'utilisation des ressources naturelles.
Avec vous, citoyens signataires du Pacte écologique, nous allons développer le dialogue et l'échange. Nous avons besoin de vos points de vue, de vos analyses, pour être plus efficaces. Tout au long de l'année 2010, la Fondation sera à vos côtés, vous proposant des outils, des actions dans le domaine de la protection de la biodiversité, d'une alimentation plus responsable et de la lutte contre le changement climatique. Prochainement, nous reviendrons vers vous pour connaître vos avis sur les modes d'actions que nous allons mettre en place. Car c'est aussi et surtout par votre engagement que nous répondrons au défi de la crise écologique et climatique pour construire ensemble une société sobre et désirable.
Cécile Ostria
Directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature
et l'homme
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