Festins de lumière, de Maria Desmée (lecture d'Alain Helissen)
Par Florence Trocmé
Depuis longtemps,
la plasticienne Maria Desmée œuvre dans la proximité des poètes, une proximité
qui a donné lieu déjà à plusieurs ouvrages réalisés en compagnie, pour n’en
citer que quelques uns, des poètes Werner Lambersy, Vénus Khoury-Ghata, Bernard
Noël, Jean-Pierre Verheggen ou Parviz Khazraï. Festins de lumière apparaît comme le premier livre où l’artiste
opère une fusion entre peinture et poésie, proposant ses propres poèmes en
résonance à son travail plastique, présent ici par six reproductions couleur.
L’entreprise est osée. Elle balaie cependant cette frustration que peut
ressentir quiconque regarde un tableau abstrait, cherchant à le revêtir de
mots. Qui, mieux que le peintre lui-même, est à même de commenter son œuvre,
fusse poétiquement ? Festins de
lumière réussit pleinement cette symbiose. Langue et pinceau participent
d’un même désir de lumière, à travers le travail continu de métamorphose des
éléments. Le foyer ici, c’est celui de la création, qui mêle braises, sève,
rayons solaires à l’éruption des sens. « Tout est là », écrit Maria
Desmée. Tout prend corps du désir, comme dans ces mélanges de couleurs
commandés par des gestes pulsionnels qu’on sent libératoires. Il y a là la
chaleur d’une forge insufflant la vie aux formes. Curieusement, les vers de
Maria Desmée sont très descriptifs, porteurs d’images figuratives venues étayer
ses peintures abstraites : « Le jour s’incline en révérence / un
crépuscule s’affirme souverain / il embrase le ciel / d’un ballet de
couleurs. » Festins de lumière
distille un lyrisme communicatif. Tenant le livre en main, il s’en dégage une
chaleur productrice d’énergie. Et c’est revigorant.
par Alain Helissen
Maria Desmée, Festins de lumière, avant-propos de Jean-Louis Rambour.
Postface de Werner Lambersy. Ed. Corps-Puce ; 56 pages, 14 €.