- Euh, non. Mais, il y a « les porteurs du virus » – VIH.
- Il n’y a plus d’opération médicale…
- Pfff, depuis longtemps dépassé !!! Il y a : les « interventions chirurgicales » !
- Pas plus de déformations physiques à la naissance…
- …mais des « malformations ».
- Il y a une fortune du préfixe « mal » dans la LQR.
- Oui. Ça a commencé avec ça, et puis, ils l’ont mis à toutes les sauces : la « malnutrition », la « mal-bouffe », la « mal-traitance » ! les « malversations » – euh, ça, c’est dans la pratique ! – le « mal-logement », le « mal-être »…
- Il y avait « bien-être ». Il y avait « malaise social ». Mais il manquait celui-là !
- Dans les préfixes, il y a « alter »… comme dans « alter-mondialisme », qui renvoie à vaguement à « alter ego ».
- Yeah ! Fini : plus de communistes ! Vive les « altermondialistes » et leurs copains « anticapitalistes » – « primaires », forcément ! Et pourquoi « anti » ? Parce que les islamo-gauchistes sont trop cons pour avoir un programme de vie en commun. Même pas foutus d’être « pro » – ha ! « pros » – c’que tu veux, hein !
- Très fort, les préfixes ! « alter », « anti », mais aussi « ultra » ! comme dans « ultra-gauche ». C’est-à-dire : plus extrême que l’extrême gauche ! C’est le nec… plus ultra ! A droite, ils ont seulement droit à « ultra-libéralisme ».
- Wouoh, les nuls ! Et avant ça, il y avait les « super- », « hyper-marchés »…
- Ils ont fait « méga » !
- « méga » ? « méga-marché » ?
- Non : « megastore » ! Eh, oui ! toujours penser aux anglicismes !
- Méga-octets… « nano », aussi !
- « Nano-mètre », « nano-technologie », « nano-robots ». Euh, il y a des « nano-peds » aussi, dans Hulk…
- « Nano-président » !
- Ha ! très fort, dans les sphères du pouvoir ! Il n’y a plus d’ « argent sale », mais de l’ « évasion fiscale ».
- C’est le pognon, qui se fait la malle !!!
- Et il a son petit cousin : le « paradis fiscal », pour les méga-riches qui ne sont pas très partageurs.
- Et hop ! On a des crapules, qui ont trouvé leur place au paradis… fiscal !
- D’ailleurs, il n’y a plus de « corruption »…
- Non : il y a des… « affaires » !
- Est-ce que le trafic d’influences, ça existe encore ?
- Non, il y a les lobbies…
- Et de l’espionnage industriel ? Des « fuites d’informations » ?
- Non : des « délits d’initiés »…
- Oh, des « délits » ? C’est pas si grave alors…
- Ah, cette application des « agents de la force publique » à traquer la petite délinquance dans les rues mal famées, et la facilité qu’ils ont à fermer les yeux sur la délinquance à col blanc !
- Il n’y a plus de misère, ni de pauvreté…
- Non : des personnes de « milieux modestes » ou « défavorisés ». Des « exclus » et de l’ « exclusion ».
- Oui, mais pas d’inclus, ni d’inclusion ?!!
- Non, mais de l’ « insertion » !
- Tu m’étonnes ! Ils se font tous… bien insérer !!!
- Il n’y a plus de riches, mais… des grosses fortunes !
- Bah, il y en a à qui la fortune sourit !
- Surtout ceux qui ont les dents longues !
- Avant on disait encore « sans abri » : ils ont dû trouver que c’était idiot, puisqu’on peut toujours trouver à s’abriter.
- Dire que ça a remplacé « sans logis » ; alors qu’on en croise… qui logent dans des cartons !
- Maintenant, on dit « S.D.F. » pour « sans domicile fixe »…
- Bah, au moins, il n’y a plus de clochards !
- Ce qui me scie, c’est que ces personnes qui sont marginalisées, écartées de la société, ils emploient pour eux cette terminologie ; se les approprient ! Pour se présenter, ils disent : « Je suis S.D.F. ». Ils se définissent en premier lieu par un sigle, et surtout par un état de privation : le fait de ne pas avoir de logement.
- Le sigle les anéantit dans leur être.
- EDF… GDF… SDF ! On dirait une entreprise publique !
- La plus grande de France : tous les ans, elle recrute !!!
- L’acronyme, c’est comme le type qui dit qu’il est « RMIste », ou « RSAste », comme si c’était son activité principale ! Au lieu de dire qu’il bénéficie d’une allocation.
- Tu as vu, il n’y a plus de « vieux »…
- Des retraités ?
- Mais non ! on dit : « les personnes du troisième (ou quatrième) âge » ! Remarque, on les « place en maisons de repos »… mais, on ne les fout plus à l’hospice ! Mais, comme certains dépassent les cent ans, maintenant, qu’est-ce qu’on dit ?
- « Merci Mamie Nova. » ?
- Mais non ! On dit – ta-dam ! – « seniors » !
- Nooon ?!!
- Sí ! se-ñor !
par Albin Didon