Ambiance sonore
"Je vais te faire le plus beau cadeau que je puisse faire pour ton anniversaire. demain, je viens te voir''.
Ces mots, elle les avait prononcés comme on se jette à la mer, d'une falaise ou sur une autoroute, lancée à 200 km/h à bord d'un bolide dont on ne sait comment il réagira en cas de pneu qui éclate ou de peau de banane en plein milieu. Plus possible de revenir en arrière, d'effacer les mots.
Dans cette histoire, elle n'en n'était plus à un défi près ! Elle l'avait senti assez septique, ou plutôt bizarre au téléphone. Oui, bizarre, avec le recul, est un terme plus approprié. [cliquer sur le titre du billet pour connaître la suite de ce récit]
Cette impression se confirma le lendemain matin lorsque vers 8h du, elle entendit de nouveau sa voix. "Tu es où ?" lui demanda-t-il. " Je susi dans le train.... vers louest. Dans 3h je serai avec toi, joyeux anniversaire ". Un blanc de quelques secondes et puis sa voix à elle : " Tu n'es pas content? "
" Si, si, ému.. tu es folle". Oui, elle était folle, folle de folie, folle de risque, de danger et d'envie. A chaque fois c'est lui qui avait fait ces 300 km qui les séparaient.
Et pourtant, elle aurait du s'en douter, se méfier, les signes qui ne trompent pas. Elle les avait vu, mais pas regardé, entendu, mais pas écouté. Une autruche dans toute sa splendeur !
3 longues heures de train à regarder défiler les gares, les noms qui chantent, les gens qui montent et qui descendent, les au-revoir, les retrouvailles, les travailleurs et les touristes. Mais que faisait-elle dans ce wagon, dans sa robe qu'elle regrettait d'avoir mise, finalement ?
11h, il était au rendez vous. Il l'accueillit, avec un large sourire, son nez dans sa chevelure, lorsqu'il la serra contre lui. Son coeur battait la chamade, il la regardait avec un sourire, en secouant la tête "J'y crois pas, c'est incroyable". Elle souriait comme une enfant... une boule au ventre... les choses avaient un air particulier, son sourire était beau, mais triste, ses yeux pétillants mais déjà les étoiles qu'elle y voyait avaient une lueur diffuse.
Il ne la tenait pas par la main, il ne pouvait pas. Ils marchaient côte à côte. Elle sautillait et lui son pas était plus lourd, plus pesant, le poids de la culpabilité alourdissait sa démarche. Petite rue, vieille ville, à droite. Ca y'est ils y étaient. Ils entrèrent dans cet appartement prêté pour l'occasion. Elle en fit le tour, s'attardant sur les bouquins, tordant sa tête pour lire le nom de chaque ouvrage, ceux qui parlaient d'art, les CD.... Ce qu'il se passa durant ces 4 petites heures restera entre eux.... mais elle vit à travers ses yeux quelque chose qui lui échappait sans qu'elle puisse rien y faire, rien retenir.
Elle n'en fut pas consciente de suite mais c'est en regardant dans le retro de cette histoire qu'elle réalisa qu'à ce moment précise, elle s'était voilé la face... même les bonnes choses avaient une fin. 15h, il était temps de reprendre le chemin du retour, la boule au ventre, le presentiment tenace. Et si cet au-revoir sur un banal quai de gare était tout simplement un adieu ?
Le train, les gares qui défilent, dans l'autre sens, les noms qui ne chantent plus, qui pleurent, qui alertent, qui ne défilent pas assez vite. Un téléphone qui sonne, un mensonge, une culpabilité, un remords, un regret, des souvenirs, une odeur, un mercredi pas comme les autres.Un train en retard, des gares connues, le marche pied du wagon, la terre ferme, le retour à la maison, la boule au ventre, la façade joviale, l'acide intérieure et cette petite voix, comme une alarme au loin.
Jeudi, et puis vendredi 19h, un SMS "Stop, désolé"... Une descente aux enfers pour tous les deux. Une photo de radar, et un PV collé sur son frigo, à lui, dans l'ouest, putain d'autoroute...une femme qui demande des explications, qui hurle, qui menace qui pleure qui insulte et des aveux, libérateurs. A l'est, une envie de crever, des aveux obligés.... une chute longue et douloureuse...
Ce mercredi, n'était pas le jour des enfants....