Shootin’ Mad
1919
G.M. Anderson
Avec : G.M. Anderson, Joy Lewis
On retrouve G.M. Anderson et son gros derrière et Joy Lewis et ses affreux cheveux (qu’elle a ici la bonne idée d’attacher) dans ce Shootin’ Mad qui fait partie des films de cinq bobines produits par Anderson dans le cadre de sa tentative de retour en indépendant. Il semblerait néanmoins que l’un des producteurs responsable de l’export ait eu le dernier mot en ce qui concerne le marché international, et ait décidé de manier les ciseaux avec dextérité pour ratiboiser la pellicule et transformer ledit cinq bobines en deux bobines seulement.
C’est la version dépecée qui est parvenue jusqu’à nous. Le résultat est narrativement assez époustouflant, puisque tout se tient correctement sans trop d’ellipses brutales, à l’exception du background du héros qui manque manifestement à l’appel. En revanche c’est artistiquement bien sûr n’importe quoi, les longues scènes introductives appellent un développement conséquent des personnages mais débouchent sur du vide, ce qui naturellement provoque une manifeste impression de gâchis de moyens et de talent. Le jeu d’Anderson est beaucoup moins développé que dans The Son of a gun et pour ainsi dire, l’ennui pointe assez vite le bout de son nez, surtout que la morale puritaine voit à nouveau triompher, comme dans un sous Hell’s hinges, la bonne parole civilisatrice de l’église sur le vice saloonesque qui ne fait rien qu’à avilir l’homme et la société en construction. On s’en lasse*.
Où le voir quand même: de toute façon, c'est en bonus du DVD Unknown video de The Son of a gun, donc si vous vous intéressez à Broncho Billy, vous l'aurez avec ledit Son-of-a-gun que vous le vouliez ou non.
*Et on note en aparté qu’à chaque fois l’église, et donc la civilisation, a besoin d’une bonne grosse brute au grand cœur pour faire le ménage chez la racaille et répandre son message d’amour, ce qui est finalement plus ou moins le pitch de L’homme qui tua Liberty Valance, sauf que Ford accorde le bénéfice de l’action de la grosse brute à la démocratie américaine et non pas à l’église, preuve que le Pappy avait su évoluer avec son temps.