Ce forum d’échanges de deux jours était organisé par l’Institut de la Banque mondiale (WBI) et la Région Afrique de la Banque, avec le concours de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique et le Mécanisme consultatif pour le renforcement des infrastructures par des partenariats public-privé, une entité d’assistance technique multidonateurs créée pour aider les gouvernements des pays en développement à améliorer la qualité de leurs infrastructures par le biais des partenariats avec le secteur privé.
Dirigeants et spécialistes présents au forum d’Abidjan ont fait part de leurs expériences et des difficultés qu’ils rencontrent dans la conception et la mise en œuvre des politiques de PPP, pour surmonter les lourdeurs bureaucratiques ou améliorer la gestion des performances. Ils ont procédé à un examen minutieux des résultats des PPP passés et actuels en Afrique, et convenu d’un ensemble d’éléments essentiels qui doivent figurer dans tout mécanisme stratégique de PPP. Ils ont aussi exprimé le vœu qu’il était nécessaire de sensibiliser et de mobiliser les différents acteurs nationaux dans le domaine des PPP afin de promouvoir ces partenariats sur le continent. Le forum a par ailleurs établi une communauté des praticiens pour poursuivre, au-delà de la table-ronde, les échanges d’outils et de savoir.
« La question qui se pose à nous ici est celle de savoir comment utiliser et promouvoir efficacement les modèles de PPP en Afrique tout en améliorant les cadres juridique et institutionnel afin qu’ils soient réellement efficaces », a déclaré Koffi Ahoutou, Directeur de cabinet au ministère de l’Économie et des Finances de Côte d’Ivoire, pays hôte.
Il a relevé que les pays qui n’ont pas de politiques économiques et de cadres juridiques et réglementaires efficaces ne parviennent pas souvent à attirer de bons investissements durables. Cette situation met en péril la légitimité des PPP et compromet les efforts visant à élaborer les types de politiques et de stratégies législatives propres à promouvoir le développement du secteur privé, l’amélioration des prestations de services et la croissance économique.
Pour Madani Tall, Directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, il faudrait mettre l’accent sur le rôle que jouent les infrastructures comme facteur d’unification, en particulier dans des pays en proie aux conflits. « Les infrastructures ont tendance, dans un premier temps, à répondre aux besoins de base d’une population ; mais il est incontestable qu’elles solidifient aussi l’harmonie sociale, favorisent la concurrence et stimulent la croissance économique et le développement », a-t-il souligné.
En quête d’un cadre favorable
Lors des échanges de vues, les responsables du secteur public représentant les unités de PPP, les ministères d’exécution, les administrations locales et des prestataires de services ont voulu trouver de nouveaux moyens de créer un cadre favorable permettant d’attirer l’investissement privé et de promouvoir la prestation de services par le biais des PPP. Le secteur privé―bien représenté par des juristes, des cadres des banques d’affaires et des ingénieurs― a recherché des possibilités d’investissements futurs. Les représentants de ce secteur ont exprimé des préoccupations concernant la gestion du risque dans le financement des projets de PPP et les questions de mobilisation de fonds, le rôle éventuel des gouvernements et l’appui accordé par ceux-ci et aussi la manière dont les PPP peuvent faire l’objet d’une promotion rapide et efficace auprès d’éventuels investisseurs et partenaires. Le débat a été enrichi par la présence de toute la gamme des acteurs des PPP, ce qui a permis un examen attentif de tous les aspects de l’élaboration des projets de PPP et mis en évidence aussi bien les défis posés que les opportunités offertes par de tels projets.
En tant qu’organe de la Banque mondiale chargé du renforcement des capacités, WBI anime ces concertations public-privé depuis trois ans dans les pays africains tant francophones qu’anglophones, contribuant ainsi à mettre en place un solide réseau régional de praticiens africains. Les forums offrent aux parties prenantes un espace où elles peuvent partager leurs compétences, échanger les idées et rechercher des possibilités d’investissement pour les PPP sur le marché africain. La démarche du WBI associe des exposés présentés par des experts internationaux, des études de cas fondées sur l’Afrique subsaharienne et sur les résultats obtenus au plan international, ainsi que des discussions de groupe pour promouvoir l’échange de savoir et la collaboration. Les responsables publics reviennent de ces forums dotés d’outils nécessaires pour gérer les besoins institutionnels, financiers, juridiques et de politique des PPP.
Les problèmes posés et les enseignements tirés dans le cadre de ce forum régional seront pris en compte dans la conception des Journées des PPP, un événement d’envergure mondiale qui se tiendra du 22 au 24 mars à Manille (Philippines). À cette occasion, les spécialistes représentant les unités de PPP des quatre coins du monde analyseront des modèles novateurs de PPP et les principales questions stratégiques.
Les PPP en Afrique font l’objet d’un intérêt croissant et les responsables des politiques sont également de plus en plus déterminés à créer de meilleures conditions propices à une mise en œuvre efficace. Les avantages que présentent les PPP pour le développement du continent n’ont cependant pas encore été pleinement exploités.
Vers des normes communautaires fondées sur les pratiques exemplaires
Le programme de PPP prévu par la Côte d'Ivoire a fait l’objet d’un examen approfondi au dernier forum. Ce pays a été l’un des pionniers des PPP en Afrique de l’Ouest, notamment par le lancement, au début des années 60, de son premier projet PPP dans le domaine de l’adduction d’eau. À la demande du gouvernement, le forum a examiné des plans de développement pour un programme national de PPP, mettant en évidence les options et les mécanismes disponibles pour mettre en place des PPP consacrés à la prestation des services d’infrastructure dans le pays.
Au nombre des questions qui ont été abordées figurent celle des techniques de structuration financière de projets (atténuation de risque, constitution de consortiums et montage de garanties), ainsi que des questions liées aux mécanismes internationaux de cofinancement et les techniques de titrisation dans le cadre du financement de projets. Les participants ont préconisé une démarche plus intégrée en matière de politiques et de directives concernant les PPP, dans le cadre des communautés économiques régionales. Le Livre vert PPP de l’Union européenne en offre une bonne illustration.
Afin d’aider l’Afrique subsaharienne à mettre en place un meilleur cadre pour les investisseurs et obtenir des résultats, les participants ont ébauché des recommandations concernant la stabilité politique et économique, une ferme volonté des pouvoirs publics, l’élaboration d’un cadre juridique, institutionnel et réglementaire propice à la sécurité économique, la mise en place d’un réseau ainsi que d’un centre d’excellence pour contribuer à la diffusion des pratiques exemplaires et l’échange du savoir.
Source : http://web.worldbank.org/