Lorsque j’ai tenu ce livre entre mes mains pour la première fois, j’ai longuement hésité avant de l’ouvrir: je connaissais vaguement son contenu et redoutais d’être confrontée à une lecture difficile, ou plutôt douloureuse sur un sujet tragique, d’autant plus sensible qu’il affecte mon propre entourage familial. La lecture de la première page m’a pourtant conduite à continuer, encore et encore … pour finir par atteindre la dernière phrase, sans la moindre interruption, sans jamais reposer ce précieux recueil que j’ai ensuite refermé, et contemplé longuement, bouleversée.
Jean-Louis Fournier nous raconte avec une honnêteté désarmante son histoire de père de deux enfants handicapés. Il nous dit ses regrets, sa jalousie vis a vis des autres parents, ses difficultés … mais toujours son humour noir nous protège de trop de larmes et de trop de douleur. Ses petites piques et autres sarcasmes nous révèlent, cachés dernière leur handicap, la grande innocence de ses enfants et leur amour, exprimé du mieux qu’ils le peuvent, avec leurs petites “cervelles d’oiseaux”.
Ce livre témoigne de l’injustice de la vie et de sa cruauté, mais aussi de sa beauté. Ce récit si court et si bien écrit est un hymne à l’amour et à l’humour comme protections contre les épreuves de la vie. Il fait partie de ces rares écrits qui ont cette capacité à nous faire en même temps sincèrement rire et pleurer, qui nous bouleversent au plus profond de nous et qu’il faudrait veiller à ne jamais oublier.