« Tableaux d’une exposition » de Patrick Gale s’inscrit dans une double tradition de la littérature anglaise : les drames familiaux et la région des Cournouailles, battue par le vent et les vagues et qui aura inspirée de nombreux artistes.
L’écrivain retrace ici l’histoire énigmatique d’une famille, marquée par la personnalité de la mère, Rachel, peintre renommée, maniaco-dépressive, que son propre mari et ses enfants connaissent si mal, redoutent et adorent en même temps. Cette mère à la fois absente et omniprésente du fait de sa maladie, laissera une trace unique sur chacun des membres de cette tribu. La plume de Patrick Gale ne suit pas de chronologie et c’est petit à petit que l’on comprend les caractères, les blessures et la psychologie de chacun, au gré des retours dans le temps et des révélations qui accompagnent les explications postées devant chaque tableau de Rachel lors d’une exposition rétrospective.
L’art est au centre du récit. L’auteur semble insister sur son caractère échappatoire. Peindre est la liberté de Rachel, pourtant si inapte à la vie « normale ».
La religion est également très importante. La famille appartient à la communauté des Quakers et l’on comprend que cette croyance reste un lien unique entre tous. C’est une constante, comme un point de repère pour se retrouver et permettre à chacun de continuer à avancer, tant bien que mal, malgré les douleurs et les épreuves, comme les crises de Rachel et la mort de l’un des enfants.
Patrick Gale parvient à dépeindre des sujets si délicats et si lourds avec beaucoup de retenue et d’élégance. Les portraits de chacun sont pleins de nuance et de subtilité.
Si l’on comprend petit à petit la vie et la personnalité de chaque personnage, les énigmes du récit ne seront pas toutes résolues: la beauté de cette histoire est dans cette part de mystère qu’elle gardera toujours.