Pour Nicolas Hulot, le Pacte Ecologique n'est plus respecté
Jean-François Copé, chef de file des députés UMP, estime que ce processus n'est pas réductible à "la seule" taxe carbone". "Je n'ai pas à rougir du travail fantastique accompli grâce au président de la République, au premier ministre et à Jean-Louis Borloo sur le Grenelle de l'environnement", a-t-il déclaré aujourd'hui sur France 2, citant les "440 milliards d'euros d'investissements programmés d'ici 2020 pour le développement durable, une législation considérable, des incitations pour le logement, les transports, l'énergie".
Suite à l'abandon de la taxe carbone, et parce que "la prise en compte de l'écologie ne doit pas être opportuniste", la Fondation Nicolas Hulot (FNH) a annoncé hier qu'elle suspendait sa participation aux groupes de travail menés par le gouvernement dans le cadre de ce processus de concertation.
La fondation Nicolas Hulot avait porté le "Pacte écologique" durant toute la campagne présidentielle de 2007 et Nicolas Sarkozy en avait fait en partie son cheval de bataille.
"Je veux que le Grenelle soit l'acte fondateur d'une nouvelle politique, d'un new deal écologique en France, en Europe, dans le monde", déclarait le Président de la République en octobre 2007.
Depuis trois ans, les représentants de l'Etat, des collectivités locales, des salariés, du patronat et des associations environnementalistes poursuivent leurs échanges à travers des groupes de travail, qui devront désormais compter sur l'absence de la FNH.
Pour la fondation créée par l'animateur d'Ushuaia, " l'abandon pur et simple de la taxe carbone, alors qu'un processus de concertation était en cours, est symptomatique d'un net recul de la classe politique qui, à droite comme à gauche, n'a pas pris la mesure des enjeux écologiques, et les considère essentiellement comme une variable d'ajustement politique ".
" Avec le Grenelle de l'Environnement, nous pensions le constat partagé, nous pensions pouvoir nous concentrer sur la recherche de solution, il n'en est rien. Les mots clefs des années à venir sont désormais exclusivement la compétitivité, l'emploi, la santé comme si toutes ces problématiques ne dépendaient pas profondément de l'état de notre environnement. Le développement durable n'est décidément pas l'axe structurant de l'ensemble des politiques publiques [...] L'environnement redevient un simple enjeu électoral, une variable d'ajustement ", écrit la fondation dans une lettre ouverte aux citoyens signataires du Pacte écologique.
Pour Cécile Ostria, directrice générale de la Fondation Nicolas Hulot : " Les événements de ces derniers mois montrent que nous n'avons pas été compris. Alors que les crises écologiques et climatiques menacent directement l'économie et l'emploi, et en particulier les plus vulnérables d'entre nous, le discours politique nous explique presque systématiquement que l'environnement est une contrainte pour l'économie et qu'il crée des déséquilibres sociaux. Dans ce contexte, la Fondation regrette que l'engagement des participants aux groupes de travail gouvernementaux soit de moins en moins suivi d'effets, en raison d'arbitrages finaux opposant écologie et économie. Dans un souci d'efficacité et de respect vis-à-vis des 750 000 citoyens qui ont signé le Pacte écologique, la Fondation prend donc la décision de suspendre sa participation à ces groupes de travail. Cela ne signifie pas que nous souhaitons rompre le dialogue avec les acteurs politiques ; mais nous pensons qu'il est nécessaire de définir des modes d'actions plus efficaces. Quand les décideurs politiques prendront des décisions structurantes, nous reviendrons au sein des groupes de travail. "
Déconçant le fait que " dans ce gouvernement comme dans d'autres partis politiques, la conversion à l'écologie n'est trop souvent qu'opportuniste.", Nicolas Hulot, courageusement, va jusqu'au bout de son combat pour l'environnement. Il rappelle aujourd'hui que le pacte écologique est un pacte digne, qui représente l'union des citoyens pour un monde meilleur, et où l'égoïsme, la course pour le pouvoir et les basses rivalités politiques n'ont pas leur place.
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