Un lycée expérimental, c’est trop rare en France pour qu’on en laisse un seul disparaître. Or, un lycée qui fonctionne différemment, qui implique les élèves à 100%, qui choisit de travailler sur d’autres bases que le cours magistral revisité (ou pas ! je connais des profs qui restent le cul sur leur chaise et qui débitent leur cours pendant toute l’heure, sans s’occuper des mômes face à eux, ça existe encore, c’est pathétique), ce type de lycée est non seulement utile, même indispensable, mais devrait surtout exister dans toutes les régions, on en est loin. A quoi sert un tel bahut ? à remotiver des jeunes qui n’ont pas trouvé leurs repères dans le système classique, mais qui sont intellectuellement fort capable de décrocher le bac et des diplômes du supérieur. Il faut juste leur donner la possibilité de travailler autrement.
Un de ces lycées est actuellement et brutalement menacé de fermeture : c’est le CEPMO, situé à Boyardville, sur l’île d’Oléron. Boyardville est le village de l’île qui a le plus souffert de la tempête Xynthia, mais le lycée, situé légèrement en hauteur, n’a rien eu. Si fermeture il y a, elle ne vient pas de là, mais d’une volonté municipale : le Rectorat de l’Académie de Poitiers loue les locaux du CEPMO à la commune de Saint-Georges-d’Oléron pour la somme de 10 000 € par an (les lycées expérimentaux ne sont pas forcément la propriété des conseils régionaux, et c’est bien dommage). Monsieur le Maire, dans sa grande bonté mâtinée de logique financière à deux balles, envisage très sereinement de multiplier ce loyer par dix. Soit il veut sciemment couler le lycée, soit le sens des réalités lui échappe. Il est clair qu’une telle hausse de prix n’est pas absorbable. Si le lycée ferme, les élèves se retrouveront à la rue, les profs seront mutés au mépris de tout le travail d’équipe réalisé. Un acte aussi médiocre, aussi mesquin, justifié paraît-il par la nécessité de faire d’importants travaux (je sais que les entrepreneurs en bâtiment de l’île appliquent facilement des tarifs hors normes, mais quand même …), n’attire que dégoût et colère. Parents, élèves et profs se mobilisent, plus ou moins bien relayés par la presse locale, en espérant que monsieur le maire ouvre les yeux et retrouve la raison.