La femme-cuivre avait les yeux verts et les cheveux rouges, comme toi. Et elle était malheureuse, parce qu'elle était très seule

Publié le 30 mars 2010 par Clarabel

Six mois ont passé depuis le décès de sa maman, Sofie traîne toujours un spleen lourd comme les pierres. Elle s'isole pour peindre, avec son père elle se sent pataude et n'arrive pas à nouer avec lui une relation de confiance. Cherchant à faire des efforts, celui-ci lui propose de l'accompagner en Amérique du nord où il part photographier la péninsule Olympic avec ses glaciers, sa forêt pluviale, la côte pacifique et ses Indiens pêcheurs. Oui, la péninsule Olympic... Jacob Black, where are you ? Les lecteurs de S. Meyer ont vite tilté.

Et j'avoue que le décor participe au charme de la lecture, c'est absolument merveilleux, nous sommes à Neah Bay, le centre de la réserve des Makah, où Sofie et son père séjournent au motel. L'adolescente de quinze ans rencontre Javid, le fils de la propriétaire, et tombe sous son charme. C'est tout nouveau pour elle, ne nous emballons pas, Sofie souffre de solitude et manque de confiance en elle. En Allemagne, chez elle, son physique osseux n'attire pas les regards, la jeune fille est transparente et n'a pas d'amis. Qu'un garçon aussi beau que Javid, plus mature aussi que ceux de son école, puisse s'intéresser à elle la fait d'abord douter. Petit à petit, elle va mettre de côté ses peurs et sortir de sa coquille tant elle va se sentir à l'aise avec lui.

Et c'est un premier amour touchant, balbutiant mais pas mielleux qui voit jour au fil des pages, le lecteur suit les prémices de la relation et les émotions de la narratrice avec grand plaisir, l'histoire est simple et très belle pour cela. De plus, je le répète, le décor est absolument envoûtant. Imaginez des orques qui viennent tourbillonner près des embarcations, de quoi faire pâlir de peur... Le lecteur plonge aussi au coeur de la vie des Makah, la chasse aux baleines qui revient dans les discussions entre Javid et Sofie, où il est question de culture, de compréhension et de partage. Les paysages, également, sont fascinants, même si la météo est capricieuse et moribonde, cela n'enlève rien à la beauté alentour. Du moins, j'avais l'impression d'y être.

Je savais que j'allais aimer ce roman, et je voulais l'aimer aussi, car je trouvais la couverture très jolie. Le reste, bien sûr, a su me ravir : le portrait d'une adolescente toute recroquevillée sur elle-même et qui, sous nos yeux, apprend à déployer ses ailes est d'une grande justesse. Je suis sûre que les plus jeunes lecteurs y seront sensibles.
A conseiller dès 12 - 13 ans.

Le chant des Orques ~ Antje Babendererde
Bayard jeunesse, coll. Millezime, 2010 - 390 pages - 11,90€
traduit de l'allemand par Marie-José Lamorlette
illustration de couverture : Pietari Posti

Antje Babendererde est également l'auteur de Lune indienne.

Coup de coeur pour Denali.