Nous déplorons que le gouvernement Fillon laisse le dossier en jachère. Pendant trois ans, il n'y a eu que poudre aux yeux : pas de comité de suivi pour les harkis et ni de commission de consultation pour les pieds noirs. Or il n'y a rien eu à consulter, faute d'un projet, et il n'y a rien eu à suivre non plus. L'affaire doit être relancée dès maintenant, avec la création d’un comité de pilotage par région et piloté par les préfets et les associations locales répertoriées dans le journal officiel à condition que ces associations soient en règle vis-à-vis de leur statut.
Rappelez-vous du rapport commandé par Jean-Pierre Raffarin à Michel Diefenbacher, député UMP du Lot-et-Garonne, qui concluait un travail préparatoire. L'intitulé de ce rapport a résumé un projet législatif : «Parachever l'effort de solidarité nationale envers les rapatriés, promouvoir l'œuvre collective de la France d'outre-mer».
Mais, nous constatons que l’effort nationale envers les rapatriés a été loin d’être à la hauteur de nos espérances pour toutes les victimes des massacres perpétrés durant la guerre d'Algérie ainsi que ceux commis après le 19 mars 1962 envers les harkis, en violation des accords d'Évian.
Cela est fort dommageable que le problème risque d'attiser encore longtemps les passions. Dans ce contexte, l'affaire de l'après 19 mars, longtemps occultée, reprend de l'ampleur. Les familles de plusieurs milliers de harkis veulent aujourd'hui connaître toute la vérité. Nous demandons aux autorités de l'État de cesser de jeter le voile sur ce drame, et que La France reconnaisse sa responsabilité.
Si on peut en parler aujourd'hui, c'est parce que le gouvernement a fait en sorte que le débat s'ouvre. Aujourd’hui, on peut lire le rapport établi par la Croix-Rouge en 1962-1963. Nous pouvons consulter les archives des Affaires étrangères aux familles, sur dérogation. Nous suggérons au Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants Hubert Falco de rédiger un rapport sur l’après 19 mars.
Nous demandons aussi ce que prévoit la création d'une fondation, chargée de faire la lumière sur l'ensemble de la guerre d'Algérie, dont l'histoire a été tant falsifiée. Nous avions cru comprendre qu’elle regroupera historiens, témoins et acteurs, qui disposeront du concours de l'État et de moyens privés. Au final, nous voulons faire partager des pages d’histoires avec de nombreux acteurs et de construire un avenir pacifique.
Nous considérons que la politique de mémoire partagée vise à établir ou à renforcer les liens dans le domaine de la mémoire combattante. Nous voulons encourager ensemble la transmission de ce passé commun vers les jeunes générations pour qu’elles en aient connaissance et qu’elles en comprennent la signification.
Je dirais : La connaissance de la mémoire partagée avec tous les peuples. C'est savoir acquérir une telle maturité et faire effort pour que beaucoup l'acquièrent pour un avenir meilleur.