Des ex-salariés de Continental du site de Clairoix (Oise) ont reçu un courrier leur proposant de travailler dans une filiale du groupe… en Tunisie
La direction de Continental, le manufacturier de pneumatiques allemand, vient de proposer à des ex-salariés du site de Clairoix (Oise) fermé il y a un an et où travaillaient 1 120 personnes un emploi… en Tunisie. 600 personnes licenciées dans le cadre d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) ont reçu cette offre hier pour 60 postes à pourvoir.
« C’est une pure provocation et je n’arrive pas à comprendre qu’on puisse nous proposer un truc pareil », lance Bernard Lens, 57 ans, en brandissant la lettre recommandée. Un courrier qui lui propose de postuler à un emploi d’opérateur de production dans une filiale du manufacturier de pneus baptisée Continental Automotive située à Bizerte en Tunisie. Emploi rémunéré 260 dinars, soit 137 € sur treize mois et régi par la convention collective tunisienne.« Une obligation légale »
« J’emmène ma famille et je pars travailler là-bas ? s’interroge l’ouvrier. J’appelle ça une régression. On est loin du travailler plus pour gagner plus. Si je décidais d’accepter, je perdrais le droit au congé de mobilité qui me garantit 75 % de mon salaire pendant deux ans. Le calcul est vite fait. » «Moi, je veux bien, mais je veux aller voir d’abord », ironise Xavier Mathieu, délégué CGT et emblématique porte-parole des Conti.
De son côté, la direction de Continental se retranche derrière la loi. « Il s’agit d’une obligation légale et en aucun cas d’une provocation. Ce poste en interne correspond aux qualifications des ex-salariés de Clairoix et la langue parlée est le français, ce qui nous oblige à le proposer. Une entreprise a été condamnée pour ne pas avoir respecté ces obligations », indiquait hier un porte parole du groupe allemand, qui reconnaît implicitement que, « si cette rémunération est conforme aux standards de ce pays, elle est très inférieure aux minima en vigueur au sein de Continental France ».
Toujours selon un communiqué du groupe allemand, 214 offres d’emplois ont été proposées aux employés de Clairoix depuis la signature de l’accord de fin de conflit en juin dernier. Des postes qui se situent majoritairement en France, en Suisse, en Allemagne mais aussi au… Japon ou aux Etats-Unis.
leparisien.fr