Chronique du lundi 29 mars 2010.
La défaite du Stade Toulousain à Biarritz est très surprenante. Ce n’est pas le fait que les Toulousains se soient inclinés face à des Biarrots dos au mur qui est innatendu mais la manière dont les Toulousains sont sortis d’un match qu’ils semblaient partis pour gagner après une demi-heure de jeu. 9ième défaite cette saison et le risque, pour l’équipe de Guy Novès de finir 5ième, c’est à dire de jouer le match de barrage sur le terrain de l’équipe classée 4ième. Inquiétant ?
Un Stade Toulousain qui sort complètement de son match :
La performance des Toulousains a ceci d’étonnant que c’est lorsqu’ils semblaient avoir fait le plus dur, après avoir dominé largement la première demi-heure avec un contrôle quasi-constant du ballon, une capacité certaine à faire du jeu et même à battre la pourtant bien en place défense Biarrote, que, tout d’un coup, les Toulousains sont sortis du match. La raison ? Les fautes ! Le nombre important de fautes, source de pénalités qui a permis aux biarrots et à Dimitri Yachvili de revenir dans le match. Le plus étonnant, c’est que ces fautes n’avaient aucun caractère obligatoire : elles n’intervenaient pas après plusieurs temps de jeu alors que Biarritz était en train de mettre au supplice la défense rouge et noire mais, au contraire, dès les premiers temps de jeu alors qu’un peu de patience et d’organisation devait permettre de tenir sous la pression. Et ce d’autant plus que l’animation offensive de Biarritz est, cette saison, d’une indigence rare. Vous enlevez Damien Traille et la vitesse de Ngwenya et c’est le désert des tartares…
Comment est-il possible qu’une équipe expérimentée comme Toulouse puisse, à ce point, sortir du match ? C’est certainement la preuve qu’à Toulouse, comme ailleurs, les titulaires sont indispensables et que le niveau de l’équipe dépend de leur présence ou pas. Jean Bouilhou, par exemple, a réalisé 20 premières minutes exceptionnelles de présence aux 4 coins du terrain mais est, ensuite, le premier responsable des nombreuses fautes et devient, en plus, beaucoup plus transparent dans ses interventions jusqu’à sa sortie. Alors, bien sûr, un tel résultat n’est pas catastrophique en soi car il s’explique par le démarrage d’une équipe mixte qui a manqué de beaucoup de choses pour l’emporter et notamment de sérénité et d’un capitaine capable de changer le comportement de ses joueurs dans l’action. Par contre, autre sujet d’étonnement après le match, Guy Novès qui s’en prend à l’arbitre. Ce n’est pas la meilleure façon de corriger le tir que de dédouaner ses joueurs en faisant porter le chapeau au corps arbitral. C’est même contre-productif pour espérer redresser le tir dès le week-end prochain et la venue du Racing-Métro. Or Guy Novès devrait se méfier de ce match. Une semaine avant le quart de finale de la HCup, les Toulousains ont l’obligation de l’emporter pour se rassurer alors qu’ils vont rencontrer une équipe qui présente les mêmes caractéristiques de base que Biarritz : grosse organisation défensive, bonne conquête et grosse densité physique dans les phases de combat. Et comme le Racing-Métro doit ensuite recevoir Biarritz pour le match qui déterminera de la 6ième place, Pierre Berbizier va certainement aligner son équipe type à Toulouse espérant ramener un bonus défensif ou plus, à l’image de Toulon, si son adversaire n’est pas au mieux et ainsi se mettre à l’abri avant de recevoir le club Basque.
La vitesse des trois-quarts, un problème ?
C’est un élément essentiel qui pose question : les trois-quarts Toulousains sont-ils suffisamment rapide pour surprendre leurs adversaires ? Ce samedi à Anoeta, la réponse semblerait être négative. Malgré de nombreux temps de jeu, les Toulousains n’ont pu prendre à défaut leur adversaire. C’est d’abord et presque uniquement par un jeu de passe dans la défense que Médard a pu se retrouver en position de marquer un essai. Les trois-quarts Toulousains ne semblent plus capable de prendre de vitesse leur adversaire à l’image d’un Cédric Heymans qui, cette saison, semble cuit pour avoir trop joué dans le passé. Mais le manque d’efficacité dans cette période de domination ne vient pas que de cette unique dimension. En effet, si les attaques Toulousaines se sont révélées peu productives, c’est d’abord à cause de la lenteur des sorties de balle dans les regroupements. Les Biarrots, grâce à leur densité physique, ont su ralentir dans les mauls les sorties et pénaliser l’attaque en donnant tout le temps voulu à la défense de se replacer. C’est d’abord et surtout à ce niveau-là que le problème d’efficacité Toulousain s’est situé. Après, c’est vrai que la constitution de la ligne de trois-quarts toulousaine n’était pas axée sur la recherche de vitesse. C’est certainement la faute aux absences et au retour du Tournoi. La constitution d’une ligne Skréla – David – Fritz ne semble pas être la formule idéale en ce moment. David Skréla revient après une longue absence et son manque de vitesse naturel a tendance à être exacerbé actuellement et la paire David – Fritz n’a pas réussi à dégager une complémentarité qui ne rendrait pas la pénétration à l’intérieur comme l’option numéro 1 voire unique.
Il est certain cette saison qu’il y a 2 Stade Toulousain. Celui avec Jean-Baptiste Ellisalde et celui sans. L’ancien Rochelais est véritablement le maître à jouer de cette équipe, son inspirateur capable d’accélérer le jeu et surtout de trouver les bonnes solutions face aux défenses de plus en plus hermétiques qui cherchent à étouffer le jeu de passe Toulousain. Son absence est d’autant moins compensée que Frédérik Michalak est hors course et que l’équipe manque cruellement d’un créateur au centre du type Mermoz. Avec Jean-Baptiste Ellisalde, les coups d’accélération viennent du demi d’ouverure et sont généralement transmis jusqu’aux ailes, permettant aux Clerc, Médard et même Heymans de profiter de cette vitesse initiale pour porter le coup fatal. Sans lui, tout devient plus compliqué…
Et les avants dans tout ça ?
Si Toulouse est redevenu champion de France en 2008, c’est d’abord et surtout par la performance de ses avants. Et quand on voit comment la mêlée Stadiste a secoué sa rivale Biarrote sans subir en infériorité numérique, il est possible que cette domination reprenne. Mais, pour cela, il faudrait que Yannick Bru reprenne la parole et, comme en 2008, soit capable d’imposer ses vues à Guy Novès et faire de l’utilisation des avants une force stratégique au service de l’équipe, pas un simple élément de jeu par lequel il faut passer pour assurer des ballons aux trois-quarts. Même si tout a été loin d’être parfait à Biarritz : sorties lentes des mauls, touche défaillante par moment, les avants Toulousains ont la capacité de porter leur équipe dans cette fin de saison de tous les dangers. Avec 2 premières lignes de haut niveau, Albacete, Millo-Chluski et Maestri en 2ième ligne et Dusautoir – Picamoles – Lamboley à moins que ce ne soit Sowerby- Bouilhou ou même Nyanga bientôt de retour, la traction avant Toulousaine est la solution à un jeu de ligne qui pourra ainsi profiter d’une défense mise sur le reculoir grâce à la pression exercée par les avants. C’est à ce prix-là que la fin de saison Toulousaine pourra être couronnée de succès…