Absentéisme que certains faiblards du bulbe ont présenté comme du fascisme larvaire, propre aux citoyens de la zone, sans aller plus loin que leur bêtise. D'où alors cette débandade dans les rangs des élus de la droite ? Il y souffle comme un vent de bérézina qui fait craindre le pire pour leurs fauteuils si douillettement chauffés. C'est qu'après la présidentielle à venir se profilent les législatives et au train où vont les choses - si on en croit les sondages, jamais avares d'une mauvaise nouvelle - la gauche emporterait les deux échéances sans avoir à forcer le train. Une pichenette et, hop !, tout le monde dégage son barda. La haine ! J'exprime le voeu que la gauche soit assez responsable pour ne pas rompre cette dynamique de la défaite chez l'adversaire, en allant se chamailler pour des ambitions et non pour un programme cohérent.
Après l'entrée en scène officielle de de Villepin, c'est au tour d'Alain Juppé de déclarer à la téloche qu'il n'exclut pas l'aubaine si… le National Président abandonnait l'idée de se faire humilier une nouvelle fois par voie électorale. Le rêve n'interdit pas l'audace. Cette floraison soudaine de vocations à droite me fait jubiler. Pour bien asseoir ses intentions, le désopilant bordelais (ah ! Cet humour froid qu'il distille !) écarte d'un revers de la main la possibilité d'entrer au gouvernement, si, d'aventure, on venait à lui proposer un maroquin. La chose a l'avantage de la franchise entre frères et de faire économiser, le cas échéant, un coup de fil à la présidence.
Ça bouge beaucoup dans les hautes sphères de la droite. Ça bouge et ça grimace. Le navire prend l'eau de toutes parts et le maître des étoupes n'a pas le matos pour colmater. Son fournisseur lui joue le coup de la rupture de stock. Tout le monde écope tête baissée et personne à bord pour regarder la rose des vents pour indiquer la direction. L'équipage est à cran. Ce n'est pas tout. Voici qu'à présent, un habitué du coup de poing, Luc Ferry, philosophe de son état, homme soigneusement coiffé, envoie sa banane au vent et déclame à qui veut l'entendre (le public est nombreux) une ode du souvenir, invitant Nicolas Sarkozy à « revendiquer le gaullisme ». Comment pourrait-il revendiquer son gaullisme, puisqu'il est Rolexien d'origine incontrôlable ? Dans ce fatras, un seul réconfort : la formidable entente qui règne entre le président et son premier ministre François Fillon. Il l'a déclaré lui-même à l'antenne. Dont acte.
Nous traversons une période très riche pour l'esprit. Comment ne pas en profiter ? Comment oublier l'insolence et l'obscénité du personnage que la France a porté tout en haut de son cénacle ? Comment ne pas être atterré en imaginant l'image que la France donne d'elle dans le monde ? Certains, je sais, n'ont rien à foutre de cette image, ils ont des raisons de le penser, mais moi, citoyen français, fier de ma culture et de sa lumière, j'ai honte pour mon pays. N'en déplaise monsieur Besson, roi du doigté.