Jessie Evans + Lonelady, Festival Les Femmes s’en Mêlent, Paris, La Maroquinerie 23/03
Première soirée du Festival LFSM, le boss m’envoie sur le terrain “Vv pour toi ce sera Jessie Evans“. J’acquiesce sans protester, car c’est aussi ça le job de dévouée serviteur à la cause du Rock. En temps normal, je me renseigne un minimum sur l’artiste dont je vais juger la performance, c’est le b.a ba me direz-vous. Mais parfois, on se met dans la peau du spectateur lambda qui venait peut-être ce soir pour voir Lonelady et ne connaissait Jessie Evans ni d’Eve ni d’Adam. Je ne sais pas pourquoi mais ce nom m’évoquait une énième chanteuse folk à guitare sèche, et je ne m’impatientais pas vraiment à la perspective de chroniquer une prestation sans surprise (note pour plus tard : se racheter une intuition).
Ébullition dans la salle, je me fais la remarque qu’il y a bien du monde pour une première partie peu ou pas connue. On installe des étoiles dorés dans le fond de la scène, comme un mini-décor improvisé à la va-vite. Un homme aux airs de Clark Gable fait son apparition, le look jazzman des années 20 impeccable jusqu’au bout des souliers. Il s’installe à la batterie. Suit une femme chapeautée jazzy elle aussi, qui prend place derrière des percussions installées de l’autre côté de la scène. Les lumières baissent, roulement de tambour. Déboule alors une véritable show girl comme on en croise peu, Jessie Evans va tout casser. Vêtue d’une combinaison qui la transforme en femme serpent, fardée comme une danseuse du carnaval de Rio, et arborant avec fierté ce qui semble être un coquillage géant à facettes sur son crâne, la diva entame une danse endiablée.
Joséphine Baker Vs Lizzie Mercier Descloux, voila comment je définirais le phénomène Jessie Evans, qui s’avère Oh surprise ! être une saxophoniste de génie. Mais de quoi on parle? Après concertation, je dirai Afro Disco Punk. Sur une bande aux sonorités synthétiques avec une basse dominante, se déchaîne à la batterie notre impeccable Clark Gable, soutenu par les percus qui donnent cette touche afro à faire remuer tous les derrières du 20ieme arrondissement. Là-dessus se plaque la voix grave de Jessie, assez proche de Glass Candy par bien des aspects, alternant avec ses performances notoires au sax et au levage de jambe (la droite surtout). Mais mettre des mots sur cette musique n’est pas si aisé à vrai dire. Il manque un pan entier du show.
En effet, on se retrouve par moment au milieu d’une course poursuite de bagnoles dans Lost Highway, le rythme est haletant, les coups de freins sauvages. Lynch adorerait Jessie Evans, cela ne fait aucun doute. Car la dame chante aussi bien en anglais qu’en espagnol, ce qui nous emmène Oh hasard ! dans le théâtre absurde et dramatique de Mulholland Drive. Angelo Badalamenti ne l’aurait certainement pas nié, cette sombre Bande Originale nous rentre dans le sang, et le public se déchaîne dans la danse. Voilà pour le côté obscur.
Car à l’inverse, la femme serpent semble toute droit sortie d’un cabaret burlesque comme il s’en est recrées par dizaines dans son San Francisco natal. De la Californie à Berlin ou elle vit aujourd’hui, il manque un détour par Mexico, ou elle semble avoir puisé les notes très opérettes de son univers punk, disco et absolument branque!
Au bout d’une heure de show épique, on est forcés d’admettre que l’émerveillement est une denrée rare aux abords des salles de concert parisienne. Alors quand il apparaît gaiement aux premiers jours du printemps, la foule s’emballe comme un seul homme pour le célébrer en ululant de plaisir! Et avec une Jessie Evans se jetant furieusement dans la foule pour danser comme si sa vie en dépendait, nous avons eu une belle démonstration de ce qu’ il est encore possible de créer dans un monde musical où même l’indé se révèle souvent incapable de produire des lives véritablement intéressants. Si la Show Girl passe dans votre coin, n’hésitez pas une seconde, c’est pour votre bien.
Première déception, ce live s’entame par un cafouillage dû à un ingé son un peu maladroit, l’équalisation des instruments est mal fichue, volume de micro trop bas, tambourinage de batterie excessif… If not now apparaît comme un ratage total. De plus Julie Campbell apparaît crispée comme jamais et déjà exténuée le morceau à peine terminé. Ça ne sent pas vraiment bon, tout ça. Le public, pourtant là pour elle, l’acclame comme jamais alors que la petite demi-heure qui suivra, la magnétique rouquine s’enfermera dans un mutisme absolu, enchaînant l’un après l’autre les morceaux de son album, qu’elle interprétera néanmoins avec une rigueur extrême.
Cela-dit le spectateur s’attend lui à autre chose qu’à une vague resucée des 10 titres qu’il écoute inlassablement depuis plus d’un mois et espère une prestation scénique à la hauteur du prix de son billet. Cependant pas de Cattletears pour se consoler, seulement un Bloedel, face B pas tellement convaincante du pourtant sublime single Intuition. Quel excuse trouver à Lonelady qui entame sa tournée européenne par ce concert statique, avec seulement quelques arcs électrisants comme sur Marble, qui réflexion faite, pourrait devenir le prochain must-ear de la mystérieuse Miss Campbell.
Mais c’est sans adieu que le trio quitte les planches, nous laissant avec désamour, désillusions et un manque concret de conviction sur cette prestation. Pas de rappel, et que la lumière fut! Le public est invité de ce pas à éjecter, direction maison. Même si je fus très largement déçu comme la plupart de mes voisins qui s’en allaient en bougonnant, je savais malgré tout dans mon petit cœur que je laisserais une seconde chance à cette jeune artiste sur laquelle repose tout le poids d’une génération qui ne souhaite pas mourir, mais cette question ne plus rester à jamais en suspend: “Fear no more“, réellement?
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