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Qui sont les Dalton ?

Publié le 29 mars 2010 par Desiderio

dalton.jpgVous voyez ici la première apparition en couverture des frères Dalton que l'on connaît tous sous le seul nom de Dalton (1958, prépublication en 1957). Ils sont nommés alors les cousins Dalton parce que les vrais Dalton, les seuls de la légende de l'Ouest apparaissent dans le numéro six de la série (1954, prépublication en 51-52). Ce seront après les seuls Dalton, les vrais et plus les cousins. Ils seront ensuite les seuls Dalton qui soient. Leurs cousins plus réels n'avaient pas eu le titre d'un album à leur nom et eux ils sont devenus célèbres d'un coup en devenant de cousins Dalton en simples Dalton !

Que doit-on penser de la typographie du titre de la série ? Ben... Elle fait far-west. On trouve toujours des lettres avec un super-empattage dès que l'on a affaire au titre de la série, c'est vrai pour Jerry Spring, Blueberry, Buddy Longway et tant d'autres. Le super-empattage fait immédiatement venu directement de l'Ouest. On retrouve cela dans la mention du "Saloon" qui a des empattements fort gras à souhait. Il faut super-empatter pour faire vesterne. Je n'ai jamais compris pourquoi, mais c'est comme ça.

Vous aurez remarqué aussi que le nom des cousins Dalton est écrit dans une police différente, plus bédéiste et là on est plus dans la tradition de la bande dessinée européenne ou du comics tandis que le surtitre indique le genre de la série. L'album n'est pas du tout crédité à Goscinny et pourtant c'est lui qui a écrit le scénario et qui est à l'origine du retour des Dalton, mais sous une forme plus parodique. Il ne signera que plus tard en 1961 dans les Rivaux de Painful Gulch et c'est parce que le succès d'Astérix ou de Pilote est là. Nous avons huit albums sans son nom sur la couverture. Il faut remarquer que Goscinny s'est longtemps battu pour que le nom des scénaristes et leur travail soient reconnus.

J'ai dit que c'était le deuxième album des Dalton fictifs, car en effet ils apparaissent déjà dans le onzième titre de la série : Lucky Luke contre Joss Jamon(1958, prépublication en 56-57) où ils ne sont que des figurants au détour d'une page parmi d'autres desperados et outlaws. Ce n'est pas l'album qui les crée comme personnages à part entière. Nous avons donc une création composite : deux premières esquisses par Morris qui s'appuie sur la légende des vrais frères Dalton, mais ces frères doivent mourir de façon violente et cela pose des difficultés, ensuite une première tentative de reprise par Goscinny mais parmi bien des vilains, et enfin la création des seuls nouveaux Dalton qui doivent se nommer cousins et puis dont on oublie ensuite le lien avec les vrais Dalton.

Un autre point remarquable dans cette couverture, c'est la forme en escalier. Dans le jargon de la presse, cela désigne les articles qui par leur composition dans une page se situent à des hauteurs identiques tout en étant de dimensions différentes. C'est un vieux truc de la presse et Morris avait déjà utilisé cela pour les premiers Dalton qui étaient déjà de tailles différentes. Ce qui est comique dans la couverture, c'est que l'expression du jargon typographique est prise au pied de la lettre : nous avons l'effet de l'escalier bien illustré. Je ne crois pas que Morris ait repris le procédé de manière aussi flagrante ensuite dans une couverture, mais il énonçait là ce qui allait constituer sa ressource de gags : la différence de taille. Nous avons affaire à un clin d'oeil de gens de la presse qui connaissaient le langage des journalistes. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'on a tant de journalistes étourdis ou stupides ou corrompus dans cette série (mais les journalistes dans Lucky Luke serait un autre sujet assez vaste).

Chanson du billet.    


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