Et là c’est le nœud gordien. Comprenez que Diping est certes sur le chemin de Sanjiang, mais qu’elle est sise sur une rivière et qu’un pont sépare les deux rives, trop fragile pour qu’un bus y passe… On nous débarque. Je traverse le pont, pensant trouver une sorte de gare routière de l’autre côté. Naïveté ! Des motards m’expliquent fort obligeamment qu’aucun bus ne part de Diping, et qu’en vérité la meilleure solution est de recourir à leurs services : pour 20 kuai, ils me déposent au carrefour suivant où, me disent-ils, « les bus sont bien plus nombreux ».
Comme d’habitude avec un Chinois qui a quelque chose à vendre, je ne fais pas confiance, et comme d’habitude quand je me défie d’une situation, je file acheter des clémentines. Le temps d’alourdir mes poches d’une demi-douzaine de clémentines de Tsong-ts’iang, et comme je retraverse le pont j’avise un bus sur le départ. Je cours et le happe au vol. Oui, il va à San-ts’iang. Les Chinois me fatiguent.
Et en fait non, il n’y va pas. Après une demi-heure de route, tous les passagers descendent du bus d’un même mouvement, aussi naturel pour eux que mystérieux pour moi, marchent cent mètres dans le village, traversent un pont de bois et montent dans un autre bus qui les attendait et dont vraisemblablement les passagers ont emprunté le trajet inverse du nôtre. C’est sûr que c’est drôlement plus simple que de remplacer un pont de cinq mètres en bois par un pont de cinq mètres en béton.
Arrivé à la tumultueuse San-ts’iang, descente de bus, traversée du fleuve, changement de gare routière, montée en bus et départ pour le pont de Chengyang.
A mi-route, arrêt brusque. Devant nous, une file indienne (chinoise ?) de voitures et de camions s’étire ininterrompue, à perte de vue. Le chauffeur coupe le moteur. On me dit que cela doit être à cause d’un accident. Je descends voir.
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