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Réponse d'Yves-Marie Laulan à Caroline Fourest

Publié le 29 mars 2010 par Tatamis
Réponse d'Yves-Marie Laulan à Caroline Fourest
Publié avec l'autorisation de l'auteur
"Mademoiselle,
J’ai été choqué et stupéfait de lire dans le monde du 27 mars votre article intitulé « Les petits calculs d’Eric Zemmour ».
Stupéfait, car il est à peine croyable qu’une journaliste, fut-elle du Monde, se permette d’attaquer avec autant de virulence un confrère dans les colonnes de son quotidien, sachant pertinemment qu’en ce faisant, elle porte atteinte à son intégrité personnelle et à sa position au Figaro comme dans les radios où il intervient, et aussi que vous encouragez sciemment les associations dites « anti racistes » à poursuivre leur action en justice. Du beau travail, en vérité. Et vous vous mêlez de morale et de déontologie ?
Choqué, car vous reconnaissez explicitement que les propos de Monsieur Zemmour (que je trouve pour ma part excessifs et volontiers provocateurs) sont fondés. Mais, dans une même haleine, vous lui contestez le droit de le dire publiquement. Cela s’appelle, chère Mademoiselle Fourest Caroline, la négation de la liberté d’expression, pourtant base du beau métier de journaliste et l’appel à la censure, caractéristique des régimes totalitaires.
Vous n’étiez pas encore née, mais j’étais soldat pendant la guerre d’Algérie, et fermement opposé et à cette guerre et à la torture (il y avait des risques à le faire en ce temps là). A l’époque, nous étions fort heureux que le Monde, défiant la censure (exercée par un certain François Mitterrand, ministre de l’Intérieur), puisse se faire librement l’écho de nos doutes, nos craintes et de nos convictions.
Selon votre évangile, ce ne serait plus possible. Car les seules vérités bonnes à dire seraient celles qui sont conformes à votre idéologie. Vous vous défendez de vouloir « hitlériser » Zemmour (dont peut-être certains proches se sont effectivement retrouvés dans les camps de l’’hitlérisme). Mais c’est bien ce que vous faites. Je serais pour ma part tenté de vous retourner le compliment en vous qualifiant de totalitarisme en herbe. A vous de choisir la couleur appropriée, brune, rose ou rouge.
Pour terminer, j’imagine qu’une journaliste, même du Monde, doit disposer d’un minimum de culture littéraire. Je ne peux donc mieux faire que vous rappeler la parole de Voltaire défendant, déjà, la liberté d’expression que vous foulez allégrement aux pieds : "Je défendrai mes opinions jusqu'à ma mort, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez défendre les vôtres."
Veuillez agréer… "

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