Rappelez-vous, on était alors en 2002 et c'était soit-disant le retour du rock à guitares avec l'apparition de tout un tas de groupes en "The", en tête desquels figuraient les américains de The Strokes et The White Stripes ainsi que les anglais de The Libertines. Si les deux premiers existent toujours et continuent de connaître un succès certain, les derniers ont splittés depuis quelque temps déjà. En effet, les deux leaders des Libertines, après deux albums seulement ne s'entendaient plus : problème d'égos surdimensionnés ? abus de drogues ? Ils se sont donc logiquement séparés et ont formé chacun de leur côté un groupe : les Babyshambles pour Pete Doherty (il continue désormais carrément en solo), les Dirty Pretty Things pour Carl Barat. Sans jamais retrouver la spontanéité de ce premier essai, "Up The Bracket", véritable coup de maître. Produit par le Clash Mick Jones, ce disque est une gigantesque claque, peut-être encore plus que le "Is This It" des Strokes. Parce que si les américains jouaient aux branleurs, les anglais, eux, ne jouaient même pas. La preuve en a été faite avec toutes les frasques de Doherty dont la presse people s'est faite l'écho depuis. Mais il suffisait déjà à l'époque d'avoir vu les deux groupes sur scène pour saisir la différence - j'ai eu cette chance ;). Chez les Strokes, c'était carré, pro, il n'y avait rien à dire, ultra efficace. Chez les Libertines, c'était n'importe quoi, brouillon, désinvolte, bien dans l'esprit punk. Les premiers, petits bobos new-yorkais, avaient su intégrer parfaitement leurs influences diverses du Velvet, en passant par les Stooges ou Television, sans pour autant en garder le côté sulfureux. Les seconds, alcooliques et drogués notoires, avaient poussé le bouchon beaucoup plus loin, dépassant le côté "sex, drugs & rock'n'roll" de leurs ainés, des Clash aux Buzzcocks. On pourra aujourd'hui toujours mettre en avant cet aspect assez négatif du groupe - Doherty, aux dernières nouvelles, risqueraient même la prison pour homicide involontaire - il n'en demeure pas moins qu' "Up The Bracket" contient son lot non négligeable de classiques rock instantanés : la chanson titre bien sûr, mais aussi "Time For Heroes", "Death On The Stairs", etc. Pas encore pleinement conscient de son talent, le groupe dégageait alors une fraîcheur et une grâce qu'ils ne retrouveront malheureusement plus ensuite - sauf par intermittence sur leur deuxième et dernier album. "Up The Bracket" restera en tout cas l'un des meilleurs disques de rock anglais des années 2000. Clip de "Time For Heroes" : Clip de "Up The Bracket" :