L’irradiation des aliments : des risques multiples et une réglementation inefficace
Publié le 24 novembre 2007 par Christophe Laurent
Ecrivez à votre député !
Modèle de lettre pour les députés – novembre 2007
Objet : L’irradiation des aliments : des risques multiples, une réglementation inefficace
Madame / Monsieur le Député,
L’usage de l’irradiation des aliments se développe à travers le monde, avec une véritable explosion du nombre des installations d’irradiation dans les pays à
fort développement : Chine, Inde, Mexique…
Une soixantaine de pays dans le monde autorise l’irradiation des aliments et plus de trente pays la pratiquent, dont certains pour une vaste palette de
produits : en Afrique du Sud, au Brésil et au Ghana, pratiquement tous les aliments peuvent être irradiés ; en Chine, en Croatie, en Russie, en Turquie, en Ukraine, aux Etats-Unis,
une grande variété d’aliments, dont certaines viandes, peut être irradiée ; à Cuba, en Inde, au Mexique, de nombreuses viandes peuvent être irradiées. Mais nul ne sait quels volumes de
produits irradiés entrent dans l’Union européenne et y sont effectivement commercialisés.
On ne peut aujourd’hui affirmer que la sécurité des aliments traités par ionisation est assurée, malgré des avis officiels qui se veulent rassurants. En effet,
les risques pour la santé (pertes de vitamines, risques de cancérogenèse et de mutagénèse liés à la production de substances néoformées dans les aliments irradiés) n’ont pas encore été
sérieusement étudiés, les rares recherches sur ce sujet n’étant pas prises en compte ou discréditées. Selon la revue médicale indépendante Prescrire, qui fait pourtant état des avis positifs
des commissions scientifiques et des organisations internationales, « des inconnues subsistent sur les effets à long terme d’une consommation à grande échelle d’aliments
irradiés ».
C’est pourquoi je suis particulièrement inquiet(e) du peu de contrôles réalisés en France au stade de la commercialisation : 0 en 2003, 60 en 2004, 86 en
2005, 105 en 2006, tandis que l’Allemagne par exemple procède à environ 4000 contrôles chaque année. Bien que ces échantillons ne soient pas représentatifs, il est alertant de constater une
hausse constante de produits commercialisés illégalement (irradiés mais non autorisés ou non étiquetés) dans notre pays, jusqu’à 7% en 2005 et 10% en 2006.
Par ailleurs, les contrôles effectués dans l’Union européenne par les Etats membres sont très insuffisants, certains pays – pourtant fort producteurs de fruits
et légumes et disposant d’installations d’irradiation, comme l’Espagne et l’Italie – ne donnent aucune information. Les contrôles par les Etats membres au stade de la commercialisation sont
incohérents, disparates, variant d’une année à l’autre et d’un pays à l’autre, et sans règles communes. Du fait de la porosité des frontières, on ne peut que s’inquiéter de cet état de
fait.
A ces risques pour la santé s’ajoutent les conséquences socio-économiques et environnementales de la prolifération de cette technologie : pour l’emploi et
l’économie locale par la délocalisation des productions ; les risques liés au fonctionnement d’installations et au transport de matières nucléaires, et aux modes de production et de
distribution industriels de masse (pollutions, changement climatique, atteinte aux milieux naturels et à la biodiversité).
Compte-tenu de l’inefficacité avérée de la réglementation européenne, de l’absence de maîtrise des quantités effectivement commercialisées dans les Etats
membres (notamment en France) alors que le nombre d’installations d’irradiation dans le monde s’accroît, du manque de certitudes sur l’innocuité des aliments irradiés et des risques
socio-économiques et environnementaux liés à un usage important de cette technologie, je soutiens l’action du Collectif français contre l’irradiation des aliments* qui interpelle le
gouvernement pour obtenir des contrôles significatifs par la DGCCRF à l’importation et à la commercialisation, et l’application de sanctions sévères aux industriels en cas de fraude ; la
modification de la liste des aliments autorisés en France, de telle façon que celle-ci se conforme à la liste de l’Union européenne ; l’attribution de fonds pour une recherche,
indépendante et transparente, sur les effets pour la santé de la consommation d’aliments irradiés.
Je vous demande d’appuyer également ces démarches, par votre action et celle de votre groupe parlementaire :
en oeuvrant à la mise en place
d’une commission d’enquête parlementaire
en posant des questions au
gouvernement.
Comptant sur votre attention et votre vigilance sur ces questions, Je vous prie d’agréer, Madame /Monsieur le député, l’expression de mes respectueuses
salutations.
* Collectif Français contre l’Irradiation des Aliments 40, rue de Malte 75 011 Paris, tel : +33(0)1 48 05 86 81 www.irradiation-aliments.org -
info@irradiation-aliments.org
Vous aussi écrivez à votre député : Cyber @cteurs : le site d'actions citoyennes