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Lueurs afghanes

Publié le 20 mars 2010 par Egea

Un article du Figaro de jeudi donne le la : on associe, prudemment, les mots "victoire" et Afghanistan". Certes, aussitôt pour expliquer qu'il y a risque de défaite politique.

Lueurs afghanes

1/ Mais cet article fait écho à quelques autres qui parlent d'une victoire dans la presse grand public (un Guadalcanal? du 8 mars. Voir également la conclusion de l'entretien que je donnai sur FR 24.

2/ On discutera la réalité de cette victoire (du style "trop facile" ou "ils n'ont pas combattu") : peut-être, il n'empêche, les alliés et les Afghans ont repris l'initiative. Le pessimisme était tellement répandu que chacun croyait que la guerre était perdue. Pas si évident.

3/ Quelques lueurs se dégagent en effet du côté de l'AfPak :

  • la mort d'Hakimullah Mehsud, le chef du Tehreek-e-Taliban Pakistan, en février
  • La capture du mollah Baradar, le chef militaire et le numéro deux de la choura de Quetta le 16 février
  • outre l'opération Mushtarak dans les districts de Marjah et de Nad Ali, dans le Helmand, qui a empêché les talibans de mener leur "traditionnelle" offensive de printemps, la Fias annonce la reprise de l'initiative du côté de Kandahar voire de Kunduz, dans le nord Voir bon billet de "Zone militaire"
  • le front taliban commence de se fissurer, et à retomber dans ses errements du temps des Soviétiques, lorsque les seigneurs d ela guerre s'affrontaient autant entre eux que contre les Russes. Ainsi, outre le mollah Omar, on entend parler publiquement du réseau Haqqani, très actif dans l’est-afghan et qui dispose d’une certaine autonomie, et du parti islamiste Hezb-e-Islami du seigneur de guerre Gubbuldin Hekmatyar, un allié d’al-Qaïda (voir ici), sans qu'il soit besoin d'être un peu averti de l'Afghanistan, en lisant O Hubac et M Anquez, par exemple.

4/ J'étais pessimiste en 2006 quand tout le monde était optimiste, et circonspect l'an dernier quand tout le monde disais "c'est foutu". Preuve qu'il faut raison garder, et se méfier des commentateurs qui ne sont pas forcément spécialistes.

5/ Une fois ce bref accès de relatif triomphalisme, que dire ? Qu'effectivement, un point bas militaire peut être à la fois un plateau avant de remonter, mais aussi une pause avant de continuer de s'enfoncer. Bref, ne chantons pas victoire tout de suite, la prudence reste de mise.

6/ Par ailleurs, le résultat militaire est un préalable : ensuite, tout se résout dans le politique. Manta que chacun répète : so what ?

So, il faudra "donner" un avantage aux talibans. OU plutôt, aux Pachtounes, pour convaincre. Or, Les Pachtounes sont très hostiles au Pachtoune qui est en place, et qui est surtout entouré de non-Pachtounes. Il ne s'agit pas seulement de corruption. Disons simplement les choses : le principe "it's a bad guy, but our bad guy" n'est pas forcément idéal. Et si nous nous décidons à croire à "nos" valeurs, que nous expliquons vouloir exporter ?

Peut-être alors les lueurs qu'on discerne se transformeraient en vraies lumières....

O. Kempf


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