Ce matin, alors que nous avions prévu d'aller dans Paris faire quelques achats, nous nous sommes aperçus que nous
étions le 24 novembre et ce c'était la journée sans achat. Fidèles à nos convictions, nous avons réorganisé notre emploi du temps autrement.
Il est évident qu'une journée sans achat ne signifie pas grand chose, il s'agit d'un symbole pour nous rendre un peu plus conscient de nos actes de consommateurs. C'est encore
plus délicat le samedi, jour propice à faire les courses de la semaine. C'est vrai que les achats que nous avions prévus aujourd'hui, nous les ferons de toute manière un autre
jour.
Mais au delà du symbole, nous nous sommes finalement posé pas mal de questions. On s'était dit qu'on irait
simplement se ballader et prendre des photos mais pour cela, il fallait qu'on rachète une nouvelle série de piles (rechargeables pourtant mais qui s'usent étrangement vite) pour notre appareil
photo numérique... Ce petit achat très anodin a soudain semblé être quelque chose de très important à nos yeux. Comment faire sans ? D'habitude, nous ne réfléchissons même pas, nous y allons...
nous consommons instinctivement, on dégaine la carte bleue.
On avait aussi envisager d'aller au ciné, mais il fallait acheter des places. En fait, on a un carnet de places (à 3€50 la place pour notre petit ciné. de quartier, alors
qu'auparavant, on payait chacun une carte UGC Illimité à 19€ par mois...), mais on a considéré que c'était tout autant de la consommation. En même temps, on juge que c'est un acte militant
d'aller dans ce petit ciné à deux pas de chez nous que d'aller dans un grand multiplexe au millieu de Paris. On a renoncé à aller au ciné pour ne faire que des trucs "gratuits".
De là nous est venue la question de la différence entre la consommation et l'achat (oui, c'est bizarre comme question mais on n'avait jamais vraiment réalisé). Par exemple, en
utilisant nos appareils électriques, notre plaque de cuisson, en faisant couler l'eau du robinet, nous consommons quand même. Finalement, ça reste un achat même à retardement. Alors, ce 24
novembre, fallait-il aussi arrêter ce type de conso ? Ca, pour le coût, nous n'avons pas pu et ça montre que notre vie est ponctuée par l'achat et la relation financière permanente avec d'autres
entités (entreprises, individus...). Ca montre notre totale dépendance au "système". La plupart de nos besoins, même de base (manger, boire, se vétir, se loger, se chauffer...) passent par des
achats. Seule une très faible fraction de la population est capable de faire pousser ses légumes, de coudre ses vêtements (mais il faut tout de même acheter le tissu), de construire tout seul sa
maison...
Depuis que nous avons évolué dans notre manière de consommer,nous ne succombons plus aussi facilement à nos pulsions acheteuses. Quand nous voyons un objet qui nous plait, nous
nous obligons à prendre une période de réfléxion pour savoir si nous en avons réellement envie, s'il est vraiment indispensable, si l'on peut trouver le même moins cher (occas',
brocantes,...) où répondant à des exigences éthiques, écologiques et locales. Selon les cas, on envisage aussi la solution de le fabriquer nous même, de se le faire prêter... Pour certains
objets, nous renonçons souvent sans regret à notre achat et nous ressentons une certaine satisfaction à résister à ce que nous savons inutile, superflu...
Bref ce genre d'initiative devrait être plus fréquente afin que chacun réfléchisse et prenne conscience de la multitude d'actes d'achat devenue au fil de temps un simple réflexe
et de la perte d'autonomie que ça génère...
D'ailleurs, c'est drôle, nous allons ranger notre article dans notre rubrique "Consommer autrement". On n'a pas encore de rubrique "No conso".
Lien vers notre article sur la journée sans achat. (20/11/2007)